Le miracle économique portugais

Article paru dans #MagCAPIDF, septembre 2024

Le miracle économique portugais

Exemple de redressement économique, le Portugal fait figure en Europe de bon élève avec des performances enviées par les autres gouvernements. Mais l’instabilité politique issue des dernières élections législatives pourrait rebattre les cartes.

Le retournement est spectaculaire. Le pays était, avec la Grèce, celui de la zone euro qui avait le plus souffert de la crise de la dette. Au bord de la cessation de paiements, il avait obtenu en 2011, une aide internationale de 78 Mds €, en échange d’un sévère plan de rigueur. 8 ans plus tard en 2019, il affichait son premier excédent budgétaire. La dette publique est passée de 132,9 % en 2014 à 98,7 % du PIB en 2023, avec une croissance de 2,3 % restée robuste.

Une discipline fiscale

Augmentation des impôts, baisse des salaires et des retraites, pendant quatre ans le traitement a été brutal. L’arrivée du gouvernement socialiste d’Antonio Costa en 2015, a desserré la pression sur les classes moyennes et enclenché une dynamique de reprise grâce à l’élan du tourisme (17 % du PIB et 50 % des exportations de service), tout en veillant à éviter tout dérapage budgétaire. Un chemin prudent soutenu par les fonds européens dont le pays est l’un des principaux bénéficiaires. Le Portugal s’est vu octroyer 13,9 Mds € de subventions non-remboursables au titre du Plan de relance et de résilience (RRP) – auxquelles s’ajoutent 2,7 Mds € de prêts – pour la période 2021-2026. Les finances publiques ont continué de s’améliorer en 2023, avec le retrait progressif des mesures de soutien aux ménages, face à l’inflation (0,8 % du PIB en 2023, contre 2 % en 2022). Une stratégie de prudence budgétaire poursuivie en 2024. L’investissement public est resté dynamique dans le cadre du RRP, financé à court terme par des subventions, de telle sorte qu’il aura un impact neutre sur le solde budgétaire.

La nécessité d’une économie plus novatrice et compétitive

Si depuis 2013, un million d’emplois ont été créés sur un marché du travail de 5 millions de personnes, il s’agit pour beaucoup d’emplois peu qualifiés. « Une bonne part de l’industrie reste de faible valeur ajoutée. Dans des domaines comme la mécanique et l’automobile, les voitures fabriquées pour Volkswagen ou Citroën, le sont à base de pièces importées », décrit l’économiste José Reis, de l’université de Coimbra. Lisbonne tente donc un virage vers une économie plus novatrice et compétitive. Des secteurs traditionnels réorientent leur savoir-faire vers des produits de luxe, c’est le cas dans le domaine du cuir et du textile, mais aussi dans celui des arts de la table. Les entreprises européennes sont attirées par une main d’œuvre qualifiée et compétitive. Le Portugal séduit aussi les investisseurs numériques, qui y développent des centres d’innovation en s’appuyant sur un écosystème d’entreprises émergentes. Mais le pays demeure encore largement pénalisé par un excès de bureaucratie, un manque de réformes structurelles et une fiscalité parmi les plus lourdes en Europe. Le miracle économique portugais semble ainsi échapper à la classe moyenne.

Un nouveau gouvernement libéral

La grogne sociale qui couvait depuis plusieurs mois aura eu raison du gouvernement socialiste remplacé lors des dernières élections législatives par un gouvernement de centre droit. Pour enrayer les départs de jeunes diplômés (30 % des 15-39 ans nés au Portugal vivent à l’étranger, soit 850 000 personnes, selon l’Observatoire de l’émigration de l’Institut universitaire de Lisbonne), le nouveau Premier ministre, Luis Montenegro, a annoncé un plafonnement de l’imposition des jeunes de moins de 36 ans à 15 %, pour tous ceux gagnant moins de 5 800 € par mois. Ils bénéficieront de mesures facilitant l’accès au logement. L’État se portera garant devant la banque de l’emprunteur à hauteur de 15 % du bien et ils seront exonérés de l’équivalent de nos droits de mutation pour les logements de moins de 317 000 €. Les étudiants verront les bourses prolongées et le parc des résidences universitaires sera renforcé. Des discussions entre le patronat et les syndicats porteront sur la question des salaires et de la compétitivité des entreprises. Le taux d’impôt sur les sociétés sera ramené de 21 % à 15 % d’ici trois ans. Toutefois, ce gouvernement ne dispose que d’une faible marge de manœuvre, car il est minoritaire et dépend d’un jeu d’alliances pour faire voter ses réformes. Il a repris un certain nombre de mesures préconisées par les socialistes, mais le vrai test aura lieu à l’automne avec le vote du budget.

 

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