65 % des Français disent avoir déjà ressenti une souffrance psychique et 20 % des arrêts de travail sont liés à des problèmes de santé mentale. Les dirigeants d’entreprise y sont confrontés comme les autres et doivent se faire aider, même s’il n’est pas toujours facile de libérer la parole.
Le sujet peut susciter de l’appréhension étant encore très largement connoté négativement et réduit aux seuls troubles. « On l’associe à de la fébrilité, voire à de la dépression. On estime qu’elle ne fait pas partie de la gestion quotidienne des dirigeants, alors qu’ils sont bien souvent des anxieux et des stressés chroniques », fait remarquer Jean-Luc Douillard, fondateur du réseau Apesa. Mais le plus souvent, loin de ces situations extrêmes, la santé mentale touche en réalité au sentiment de bien-être qui permet à une personne de réaliser tout son potentiel et de travailler de manière productive et fructueuse. De quoi dédramatiser le débat et favoriser une prise en compte plus large.
Sortir du déni
Pour Noémie Guerrin, fondatrice du cabinet Santé du Dirigeant, la santé mentale fait partie intégrante de notre santé. « Elle est conditionnée par des facteurs individuels et par des facteurs environnementaux, avec ses nombreuses sources de stress. Certains moments du parcours de l’entreprise, comme les problèmes financiers ou juridiques, les conflits internes ou les contentieux avec des clients, viennent fragiliser la santé mentale du dirigeant ». Or, un chef d’entreprise a une énorme capacité à multiplier les arrangements avec lui-même pour masquer les fragilités. Le déni peut durer très longtemps et permet de ne pas s’effondrer complètement, même s’il n’empêche pas d’aller droit dans le mur. Près de 4 patrons sur 10 ont déjà été amenés à prioriser leur activité au détriment de leur santé, d’après une enquête de la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur. « Il faut que les dirigeants acceptent l’idée qu’ils peuvent avoir des moments de faiblesse », insiste Samuel Galtié, directeur national santé mentale chez VYV3, qui appelle à faire de la santé mentale, une grande cause nationale en 2025.
Accepter de se faire aider
Il est pourtant possible de détecter les signes avant-coureurs de dégradation de l’état mental, tels que la perte du sommeil, des difficultés de concentration, les migraines, le mal de dos, mais aussi une baisse d’énergie ou des réactions émotionnelles comme la colère et l’anxiété. Il est alors essentiel de s’autoriser, sans tabou, à agir pour préserver sa santé mentale et accepter d’en parler à un spécialiste. Le repos et le ressourcement permettent de retrouver de la clarté. « Le repos est vital pour récupérer physiquement et mentalement, le ressourcement via une activité qui permet de se sentir mieux, aide à prendre du recul », précise Noémie Guerrin. Selon la préventrice experte et auteure du livre « Prenez soin de votre santé mentale au travail… et de celle des autres », pour faire véritablement progresser les choses et susciter une réelle prise de conscience, « il faudrait des modèles inspirants qui osent s’exprimer, mais pour cela, il faut être certain que ce que l’on dit ne va pas se retourner contre soi ». En parallèle, tout un microcosme s’est créé pour accompagner les dirigeants : le réseau Apesa, 60 000 rebonds, Second Souffle, les Rebondisseurs français, etc.
Paru dans #MagCAPIDF