En Île-de-France, 8 secteurs ont été identifiés comme particulièrement en tension : le numérique, la santé / action sociale, la sécurité, le transport/logistique, le commerce, le BTP, l’hôtellerie-café-restauration et l’industrie, auxquels s’ajoutent les enjeux de l’aéroportuaire qui sont très prégnants en Île–de–France. Dans ces secteurs, la baisse de la demande d’emploi est encore plus forte (de l’ordre de 15 % sur un an en moyenne et -25 % dans le HCR, -18 % dans la sécurité et l’industrie, -16,5 % dans le commerce) et la dynamique des offres est importante. Pour Nadine Crinier, Directrice régionale Pôle emploi Île-de-France : « Nous sommes dans une situation inédite, des tensions structurelles existaient depuis de nombreuses années, elles se sont beaucoup développées sur d’autres secteurs, il faut agir ensemble différemment pour faire face aux enjeux économiques. »
Dans cette chasse aux candidats, Pôle emploi a sorti un nouvel atout : un vivier de demandeurs d’emploi positionnés sur 25 métiers de trois secteurs (hôtellerie-restauration, transport de voyageurs et de marchandises, santé et action sociale), 2 métiers de la sécurité privée en lien avec les enjeux de JOP de 2024.
Très concrètement qui sont les demandeurs d’emploi présents dans ces viviers ?
Trois critères doivent être réunis :
- Dans un premier temps, le conseiller s’assure des compétences immédiatement mobilisables pour ces 25 métiers, cela peut être conforté par une immersion en entreprise. Il vérifie que le projet professionnel est toujours dans ce métier et que le demandeur d’emploi est mobilisable immédiatement.
- La démarche de vérification des compétences par le conseiller est facilitée par des fiches métiers, travaillées avec les branches professionnelles et des entreprises, décrivant des savoir-être et savoir-faire fondamentaux pour exercer dans l’entreprise.
- Le candidat se voit aussi préciser les conditions d’exercice du métier.
Ainsi nous avons en Île-de-France plus de 16 000 personnes à date dans ce vivier accompagnées par plus de 170 conseillers dans les 120 agences du territoire.
Ce premier vivier ce sont les personnes qui souhaitent exercer dans ces 25 métiers mais qui ont un besoin d’adaptation des compétences de moins de 400 heures en général et qui pourront ainsi être présentées rapidement aux entreprises.
Au-delà de ce dispositif, Pôle emploi agit pour répondre à ces tensions, en multipliant les opérations de découverte des métiers (immersions professionnelles, évènements en agence ou dans les entreprises comme des visites de chantier dans le BTP ou des challenges culinaires dans la restauration), des moyens importants sont mobilisables pour accompagner le développement des compétences : adaptation des compétences (préparation opérationnelle à l’emploi (POE) – action de formation préalable au recrutement (AFPR), actions de recrutements et de rencontres candidats-entreprises (job dating, méthode de recrutement par simulation (MRS), etc.)
Un marché du travail dynamique
La demande d’emploi en catégorie A est en baisse de 10 % sur 1 an. Au troisième trimestre, en Île-de-France, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A s’établit à un peu plus de 630 000, en très légère augmentation sur le trimestre (+0,5 %) et en baisse de 10,1 % sur un an. Les offres d’emploi diffusées ont augmenté de 52 % sur 12 mois glissants, soit près de 550 000 offres diffusées en Île-de-France au 2e trimestre 2022.
Des primes à l’embauche
Certains secteurs n’hésitent pas à mettre en place des systèmes incitatifs de recrutement. C’est le cas dans la santé avec le groupe privé Ramsay qui propose des primes à l’embauche de 2 000 € (pour une infirmière), 2 500 € (infirmière de bloc) et 3 000 € (sage-femme), un tarif qui vaut aussi pour un personnel qui coopterait un candidat. Dans le secteur des transports, pas facile non plus d’attirer les candidats car les contraintes sont nombreuses : horaires décalés avec du travail très tôt le matin ou de nuit, parfois le week-end… Transdev (500 €) comme la RATP (300 €) remercient à leur façon dans un système « gagnant-gagnant » tout salarié qui ferait passer un bon CV. Une prime de présence de 450 € a même fait son apparition en octobre dernier pour les machinistes qui totalisent 3 mois consécutifs sans absence, hors congés réguliers.
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