Entretien avec Stéphane Diebold, Président fondateur de l’AFFEN (Association Française pour la Formation en Entreprise et les usages Numériques)
Quelles sont les principales évolutions en matière de formation professionnelle, que vous constatez en entreprise au sortir de la crise sanitaire ?
La crise sanitaire est une crise salutaire pour la formation numérique. Avec la « Zoom attitude », la formation a enfin passé le cap du numérique de masse. Reste à construire des stratégies de formation. Que ce soit pour les responsables de formation ou pour les organismes de formation, les maîtres-mots deviennent la scalabilité et l’engagement.
La pénurie de main d’œuvre de ces derniers mois a une nouvelle fois souligné les faiblesses de notre système de formation. Comment proposer une approche plus réactive ?
Dans la chaîne de valeur de la formation, on peut retenir trois chantiers : l’adaptabilité des contenus, la démocratisation de la production et la massification de la diffusion. En investissant dans le tout numérique, le système de formation favorise de nouveaux modèles économiques et pédagogiques de masse et réinvente de nouvelles pratiques du présentiel.
Dans la chaine de valeur de la formation, on peut distinguer trois chantiers : l’adaptabilité des contenus, la démocratisation de la production et la massification de la diffusion
Une étude IDC démontre que 68 % du patrimoine de données de l’entreprise n’ont aucun traitement. Quelles conséquences en matière de formation ?
Et en plus, le traitement des données est souvent modeste. Ce qui est en jeu, c’est la montée en puissance du Big data dans l’analyse. Le problème n’est pas technique, il est social : qui aura la gouvernance des datas ? Et dans une société de défiance, il est nécessaire d’inventer une gouvernance partagée avec les partenaires sociaux.
En formation, l’enjeu est simple, enfin connaître les apprenants et en finir avec les formations blind test. Si on remet l’apprenant au centre, encore faut-il le connaître pour favoriser son engagement, c’est le travail du marketing et de la data.
Comment améliorer le fléchage des fonds de formation vers les TPE et PME ?
Il ne s’agit pas tant de flécher les fonds que de flécher les formations. C’est l’enjeu de l’économie des plates-formes : faire un Amazon de la formation, un hypermarché de la formation, avec de l’IA et de l’analyse de la data pour faire de la prévision et de la prédiction. Ergonomie, identification de l’enseigne et promotion autour des produits scalables gratuits de qualité dans une relation apprenante push/pull : les TPE, comme les particuliers iront faire leur marché.
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