Sur le front de l’emploi, des signes encourageants de reprise commencent à émerger comme nous le confirme Nadine Crinier, Directrice régionale de Pôle emploi Île-de-France
Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire sur le marché de l’emploi en Île-de-France ?
En quelques mois, cette crise sanitaire a mis à mal la progression de l’emploi en Île-de-France. Atouts économiques pour le territoire, le tourisme international ou d’affaires, les restaurants, l’automobile, l’aérien ont été mis à l’arrêt. Toutefois quelques signes encourageants d’une reprise progressive commencent à émerger : le chômage a en effet légèrement reculé de 0,6 % au 1er trimestre de cette année. De plus, l’enquête BMO, publiée en mai dernier, fait état de 477 000 projets de recrutement dans la région. Des intentions portées par 22,7 % des entreprises de secteurs très diversifiés.
Quels sont les secteurs les plus porteurs actuellement et les pistes de rebond pour les prochains mois ?
L’emploi dans la construction en Île-de-France fait face à des défis importants liés notamment aux chantiers du Grand Paris Express, des Jeux olympiques 2024. Ce secteur pèse 9 % dans les intentions de recrutement et environ 68 000 emplois devraient être générés par les grands travaux franciliens. Nous constatons aussi de forts besoins dans le second œuvre. Le secteur des services représente quant à lui 72 % des intentions de recrutement. L’Ile-de-France concentre 48 % des métiers du numérique et 32 % des établissements du secteur. On annonce 45 000 postes à pourvoir pour la seule année 2021. Pour répondre aux besoins en compétence dans le secteur, Pôle emploi a rejoint les projets phares lancés par le gouvernement avec la Grande École du Numérique. Ce plan d’action vise à proposer une offre de formations répondant aux besoins en compétences des entreprises. À l’échelle de la région francilienne, 172 formations labélisées sont ainsi proposées. Enfin, le secteur Café-Hôtel-Restauration est une source d’emplois importante avec 97 000 établissements en région parisienne. Depuis la crise sanitaire, il est l’un des plus durement touchés avec un chiffre d’affaires en baisse de 84 % sur un an. La réouverture est là et nous devons accompagner les établissements.
À tous ces secteurs, nous apportons un accompagnement spécifique pour tenir compte des attentes et évolutions professionnelles. Nous développons une relation engagée avec les fédérations, les branches professionnelles, les associations et les entreprises. En effet, 80 % d’entre elles comptent moins de 10 salariés.
« Dans le contexte actuel, l’accompagnement intensif des jeunes est essentiel. Il a pour objectif d’accélérer et de sécuriser l’accès à l’emploi »
Dans ce contexte, quelles sont les mesures spécifiques mises en œuvre pour accompagner les jeunes dans la recherche de leur premier emploi ?
Les jeunes ont toujours fait l’objet d’un accompagnement spécifique de la part de Pôle emploi. Mais la crise économique nous conduit à innover pour qu’ils puissent mieux se former et pour que les recruteurs soient moins réticents à les embaucher. « 1 jeune, 1 solution » est un plan gouvernemental déployé depuis juillet 2020 et d’une enveloppe de 6,7 Mds d’euros. Ce dispositif entend accompagner les jeunes de 16-25 ans au sortir de la crise de la Covid-19 et répondre à la question de l’emploi en adaptant les outils nationaux aux spécificités locales.
Opérateur public de l’emploi, Pôle emploi est naturellement associé à la déclinaison territoriale de ce dispositif et mobilisé autour des trois axes :
- faciliter l’entrée dans la vie professionnelle ;
- orienter et former les jeunes vers les secteurs qui recrutent et les métiers d’avenir ;
- accompagner les jeunes éloignés de l’emploi en mobilisant un parcours d’insertion.
Dans le contexte actuel, l’accompagnement intensif des jeunes est essentiel. Il a pour objectif d’accélérer et de sécuriser l’accès à l’emploi. Il repose sur la sécurisation des périodes de transition et l’intégration professionnelle durable. 238 conseillers sont dédiés à cet accompagnement qui augmente de 28 % les chances de retrouver un emploi.
Avez-vous également renforcé les dispositifs de reconversion professionnelle, pour répondre aux attentes de ceux qui ont perdu leur activité ou qui souhaitent évoluer vers d’autres métiers ?
La formation doit et peut intervenir tout au long de la vie professionnelle pour s’adapter aux évolutions d’une carrière. Les dispositifs existent, qu’ils portent sur les compétences de base, les compétences transverses ou les formations qualifiantes / certifiantes. Avec le Conseil régional d’Île-de-France, nous portons une politique volontariste de 150 000 entrées en formation hors CPF autonome. Afin d’en faire la promotion, la semaine « Je me forme en Île-de-France » a été lancée depuis avril dernier. Elle permet une rencontre directe avec les professionnels pour une entrée rapide en formation.
« En Île-de-France près de 700 collaborateurs sont dédiés à la relation avec les entreprises »
Comment fluidifier durablement le marché de l’emploi et faciliter les contacts entre entreprises et demandeurs d’emploi, alors que certains secteurs peinent à recruter ?
Pôle emploi contribue aux actions de recrutement auprès des entreprises qui lui font confiance. En Île-de-France près de 700 collaborateurs sont dédiés à la relation avec les entreprises. Lorsqu’une entreprise fait appel à notre service entreprise, c’est souvent pour un besoin urgent. Les conseillers accompagnent les recruteurs dans la rédaction des offres d’emploi en veillant à être précis dans la définition des activités à exercer. Ils préconisent aussi des dispositifs de formation en amont d’un recrutement, mesure sécurisante tant pour le recruteur que pour le candidat, ou font la promotion des contrats aidés. Offrant une exonération de charge, ils donnent un coup de pouce aux entreprises. Cette prise en charge leur permet d’investir sur les compétences détenues par un jeune en recherche d’emploi : tout le monde y gagne !
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