Dans l’univers de l’économie numérique, elle est l’une des trop rares dirigeantes. Femme de conviction, elle entend redonner toute sa place à cet opérateur historique et l’imposer comme un partenaire majeur des entreprises.
Où se situe désormais eBay, à l’image parfois un peu vieillissante, dans l’univers du e-commerce et quels sont vos projets sur le marché français ?
Avec plus de 11,3 millions de visiteurs uniques par mois et plus de 5 millions d’acheteurs actifs, nous sommes selon les mois le 4e ou 5e site de e-commerce en France. Une marketplace centrée principalement sur la vente de produits neufs, avec 80 % de vendeurs professionnels. eBay est notamment incontournable pour la vente de pièces automobiles neuves et d’occasion, la maison, l’électronique, mais aussi et c’est plus rare, les objets d’art et de collection, ainsi que les antiquités. Un dynamisme et une croissance à deux chiffres, qui tranchent avec la perception du public. C’est pourquoi, nous allons porter nos efforts dans les prochains mois sur la communication et le marketing afin de rajeunir la marque, mais aussi de mieux nous faire connaître des entreprises, principalement les TPE et PME, qui veulent développer leur commerce tant en France qu’à l’international.
Justement que proposez-vous à ces TPE et PME désireuses de booster leur business ?
Nous nous positionnons en véritable partenaire de ces entreprises en leur proposant tout à la fois une plateforme, mais aussi et surtout des outils pour vendre et exporter plus facilement dans 190 pays. Nous déployons ainsi une interface pour découvrir les produits et les marchés pour lesquels il y a une forte demande et peu d’offre. Un Hub vendeur, permet lui d’avoir une vue d’ensemble de ses ventes, des outils pour piloter son activité, comme savoir se placer en termes de prix, et des données sur ses performances. Pour favoriser leur ouverture à l’export, un algorithme sélectionne les annonces les plus prometteuses pour la vente à l’étranger et le programme WebInterpret traduit les annonces dans la langue des marchés visés. C’est un véritable accompagnement à chaque étape du processus qui est mis en place. Dans cet esprit, nous les aidons d’ailleurs actuellement à se préparer aux conséquences du Brexit. Autre atout pour attirer cette clientèle, le fait que nous ne soyons jamais en concurrence avec le vendeur. Contrairement à nos concurrents, nous ne proposons pas sur la plateforme notre propre inventaire. L’entreprise qui nous fait confiance est libre de fixer son prix de vente et de choisir le mode de livraison répondant le mieux aux attentes du client. Enfin, argument de taille, nos commissions sont les moins chères du marché : de 3 à 7 % selon la catégorie de produits, quant Amazon, Rakuten ou Fnac direct oscillent entre 7 et 15 %. Et malgré l’adoption de la taxe sur les produits numériques, nous avons décidé de ne pas les augmenter en 2019.
« Nos commissions de 3 à 7 %, sont inférieures de moitié à celles de nos concurrents »
Le développement des échanges commerciaux suppose aussi de protéger sa propriété intellectuelle. Comment luttez-vous contre la contrefaçon ?
eBay a été l’une des premières sociétés à se doter d’un service dédié en 1998 et à adopter un processus de notification en ligne, offrant la possibilité aux titulaires de droits de propriété intellectuelle de signaler gratuitement les atteintes à leurs droits. 21 ans d’expérience en la matière, qui nous ont permis de développer un programme, dénommé VeRO, qui compte à présent 40 000 entreprises et particuliers représentant tous types de droits de propriété intellectuelle : des grands fabricants de logiciels aux créateurs de jeux vidéo, en passant par des artistes et des fabricants de produits de luxe. Le moyen de détecter les annonces frauduleuses grâce à des filtres très efficaces, puisque sur 1,2 milliard d’objets, moins de 0,002 % des produits sont potentiellement contrefaits.
« Nous nous positionnons en véritable partenaire des entreprises en leur proposant (…) des outils pour vendre et exporter plus facilement »
Vous êtes la seule femme dirigeante d’un géant du e-commerce en France et eBay apparaît comme exemplaire en termes de féminisation de son management. Est-ce le résultat d’une culture d’entreprise ?
Au sein du groupe, la France est particulièrement en pointe sur le sujet, puisque l’ensemble du comité de direction d’eBay France est féminin. Si ce n’était pas une volonté délibérée, il est certain que l’environnement de travail que nous proposons a largement favorisé l’épanouissement des talents féminins, notamment sur les fonctions tech, comme les développeurs. Notre façon de travailler est très flexible et le télétravail permet de s’adapter aux contraintes d’une vie familiale qui repose encore largement sur les femmes. J’ai fait moi-même le choix de n’être présente qu’à 90 % pour préserver un équilibre de vie. Chez eBay, chacun est responsable de la gestion de son temps. L’essentiel est que le travail soit fait.
Les entreprises savent combien il est difficile d’attirer et conserver les jeunes talents. Quelle est la recette d’eBay pour y parvenir ?
Là encore les conditions de travail sont un facteur déterminant. Nous avons mis en œuvre une politique inclusive guidée par le respect de la diversité dans toute l’acceptation du terme. Nous veillons à responsabiliser les collaborateurs, à leur offrir une grande flexibilité dans le travail et la possibilité de consacrer du temps à leur développement personnel. Ici chacun peut progresser dans l’entreprise ou changer de fonction. La mobilité interne est facilitée tant sur le territoire qu’à l’international. Un ensemble de valeurs et de perspectives qui correspondent assez bien aux attentes des nouvelles générations.
EBAY EN CHIFFRES :
- 182 millions d’acheteurs
- 90 % de ventes à prix fixe
- 80 % d’articles neufs
- 476 millions de téléchargements de l’application eBay
- 1,2 milliard d’annonces en ligne
- 97 % des vendeurs professionnels d’eBay en France réalisent des ventes à l’export
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