Le comité international olympique souhaitant ouvrir une nouvelle ère vertueuse, vous voilà face à un challenge supplémentaire : organiser des jeux responsables. comment comptez-vous y parvenir ?
Nous avons construit notre projet avec deux principes : utilisation des équipements existants et responsabilité budgétaire. Cette rigueur nous a permis de clôturer les comptes de candidature avec un résultat bénéficiaire de cinq millions d’euros, pour les reverser aux membres fondateurs publics de Paris 2024 (la Ville de Paris, la Région Ile-de-France et l’État).
Des Jeux responsables ce sont aussi des Jeux qui visent l’excellence environnementale. WWF France nous a accompagnés en phase de candidature pour construire un projet dont l’empreinte carbone sera réduite de 55 % par rapport aux dernières éditions des Jeux.
Des Jeux responsables ce sont enfi n des Jeux éthiques. Nous sommes en train de mettre en place un comité d’éthique, un comité d’audit et un comité des rémunérations qui nous accompagneront au cours des six prochaines années pour garantir rigueur et transparence dans toutes nos actions.
Les changements apportés au projet initial (la construction de l’Arena 2 porte de la Chapelle au lieu de Bercy, le surcoût évoqué pour le centre aquatique) ne sont-ils pas de nature à créer des dérapages ?
Bien au contraire, les éventuelles modifications qui pourraient être apportées au projet ont deux objectifs : se prémunir contre tout dérapage et optimiser chaque euro investi.
L’étude que nous effectuons sur le centre aquatique s’inscrit dans cette démarche et j’ai toute confiance en nos équipes pour rester dans l’enveloppe financière budgétée et améliorer l’expérience pendant les Jeux tout en conservant l’héritage pour la Seine-Saint-Denis. Nous avons choisi de construire un centre aquatique parce qu’il répond aux besoins des habitants d’un territoire où un enfant sur deux ne sait pas nager lorsqu’il entre en 6e .
L’Arena 2 répond elle, à un besoin de la Ville de Paris identifié en amont de la candidature aux Jeux car Paris manquait d’une enceinte de taille intermédiaire, à mi-chemin entre l’Accord Hotel Arena et le stade Pierre-de Coubertin. Comme pour le centre aquatique, les réflexions menées actuellement ont pour but d’optimiser tout à la fois l’investissement, l’usage pendant les Jeux et l’héritage pour le territoire.
De quelle manière le CIO vous accompagne t-il dans cette phase de préparation des jeux ?
Nous avons trois rendez-vous annuels avec le CIO : deux réunions pour passer en revue chaque volet du projet et une visite de la Commission de coordination des Jeux de 2024.
Au-delà de ces temps forts, les équipes de Paris 2024 collaborent au quotidien avec celles du CIO et du Comité International Paralympique.
Peut-être plus encore que pour les précédentes éditions des Jeux, nous travaillons main dans la main parce que nous devons relever ensemble le défi d’organiser les premiers Jeux d’une nouvelle ère.
Les entreprises FRANCILIENNES seront-elles associées à la construction des infrastructures ?
Evidemment. Le Centre de Droit et d’Économie du Sport de Limoges a établi que les Jeux pourraient créer jusqu’à 247.000 emplois en Ile-de-France, dans trois domaines principaux : l’organisation événementielle, la construction et le tourisme.
La Société de livraison des ouvrages olympiques (SOLIDEO), qui commence déjà à passer des marchés, a mis au point une charte qui fixe un taux minimal de 25% de marchés attribués à des TPE-PME. Le Comité d’organisation adoptera lui aussi une charte lorsque nous entrerons en phase de passation de marchés.
Mais nous pouvons dès maintenant commencer à préparer le terrain avec les petites et grandes entreprises françaises, notamment franciliennes. Nous allons travailler à la constitution d’un réseau de TPE-PME pour les informer de nos marchés et des qualifications requises pour y répondre, favoriser des marchés avec des lots, pour que toutes les organisations puissent y répondre, quelle que soit leur taille, et encourager les rencontres entre TPE-PME et grandes entreprises, notamment nos partenaires, pour qu’elles puissent s’associer.
La construction du village olympique à Saint-Ouen, entraîne l’expropriation de 22 entreprises qui ont du mal à retrouver une relocalisation. comment pouvez-vous intervenir sur ce dossier ?
La relocalisation des entreprises fait l’objet d’une attention particulière de la part des acteurs concernés. Toutes ont été prévenues largement en amont du lancement des opérations, pour leur laisser le temps de s’organiser. Elles ont déjà pris part à plusieurs réunions d’information sur la nouvelle ZAC et sont régulièrement tenues informées des avancées du projet.
C’est aujourd’hui l’Établissement Public Foncier d’IDF (EPFIF) qui a pour mission, en lien avec les collectivités locales, et notamment l’établissement public territorial Plaine Commune, de trouver des solutions à leur relocalisation, idéalement sur le même territoire.
Les jeux de Paris seront les premiers jeux solidaires et inclusifs. Comment cette ambition se déclinera-t-elle ?
Des Jeux solidaires et inclusifs, ça veut dire un projet qui capitalise sur le pouvoir du sport comme outil d’insertion sociale. Pour développer un maximum d’initiatives innovantes, nous venons de signer, avec Anne Hidalgo, qui préside la SOLIDEO, une convention de collaboration avec le Yunus Centre, mis en place par le Prix Nobel de la Paix pour coordonner des initiatives d’entrepreneuriat social dans le monde, et les Canaux, un espace dédié aux économies solidaires à Paris.
« 10 % des heures travaillées pour les marchés de travaux seront réalisées par des personnes en situation d’insertion professionnelle »
Un exemple concret d’action déjà engagée : la charte de la SOLIDEO prévoit qu’au moins 10% des heures travaillées pour les marchés de travaux seront réalisées par des personnes en situation d’insertion professionnelle.
Nous prendrons le même engagement et commençons dès maintenant à préparer le terrain avec une cartographie des postes nécessaires à l’organisation des Jeux et des qualifications requises.
Dès l’automne, nous travaillerons avec les acteurs de l’insertion pour identifier les personnes éloignées de l’emploi et les orienter vers des parcours de formation adaptés.
On rejoint là, la question de l’héritage des jeux tant en termes sportifs qu’éducatifs ou d’aménagement. quelles sont vos ambitions en la matière ?
Notre ambition c’est qu’il y ait un avant et un après Paris 2024, pour l’ensemble des Français. Le développement de la pratique sportive pour tous peut nous aider à avancer sur tous les plans : la santé, l’éducation, l’inclusion, le changement de regard sur le handicap… C’est ma conviction profonde.
Paris 2024, c’est aussi une opportunité unique pour faire rayonner la France et tout ce qu’elle compte de meilleur. Dans six ans, le monde entier aura les yeux rivés sur nous. L’ambition de l’ensemble des acteurs de Paris 2024 est de faire dès maintenant des Jeux une vitrine pour notre culture, nos territoires et nos entreprises.