Entretien avec Yves Jégo, fondateur du label « Origine France Garantie »

Article paru dans #MagCAPIDF, novembre 2019

C’est quoi le « Made in France » aujourd’hui ?

Aujourd’hui c’est d’abord un critère commercial puisque l’origine du produit est le troisième critère d’achat des consommateurs après la qualité et le prix d’un produit. La définition douanière d’un produit français (un produit est « Made in France » lorsque sa dernière transformation substantielle est réalisée sur le territoire français) ne répond plus sérieusement aux attentes des consommateurs. L’opinion est devenue de plus en plus exigeante sur la traçabilité, la qualité et la transparence. Le « Made in France » est un enjeu sur lequel tous les acteurs économiques devraient se concentrer pour construire la consommation de demain. Une consommation plus responsable, en circuits courts, qui répond aux problématiques environnementales d’aujourd’hui.

« Origine France Garantie » est la certification indépendante portée par une association de chefs d’entreprise sans aucun but lucratif qui répond aux attentes de traçabilité du consommateur. « Origine France Garantie » est un marqueur de confiance, avec un cahier des charges strict prenant en compte à la fois les étapes de fabrication mais aussi l’origine de ce qui compose le produit, qui n’est délivré qu’après une série d’audits menés sur sites de production par des organismes certificateurs indépendants. « Origine France Garantie » c’est également un réseau de chefs d’entreprise regroupant des grandes marques françaises soucieuses de promouvoir ensemble le « Made in France ».

« Le « Made in France » est un enjeu sur lequel tous les acteurs économiques devraient se concentrer pour construire la consommation de demain. »

« Origine France Garantie » regroupe aujourd’hui 2 750 gammes de produits certifiées, fabriquées par plus de 600 entreprises toutes évoluant dans des secteurs industriels variés. On trouve heureusement encore énormément de choses en France : des bus, des trains, des vêtements, de l’agroalimentaire, des mats d’éoliennes en béton, mais nous avons malheureusement aussi perdu certaines filières. Par exemple, nous sommes les premiers producteurs mondiaux de lin et pourtant il n’existe plus de filatures de lin en France. De même pour les composants électroniques dont la fabrication est rarissime en France, et pourtant, de nombreuses entreprises fabriquent en France de l’électroménager, des robots, et d’autres produits technologiques.

Mais on note l’apparition de jeunes entrepreneurs désireux de recréer des filières disparues comme celle de l’horlogerie par exemple. Cette nouvelle génération est passionnée et porteuse de bien des espoirs de renouveau du « Made in France ».

Comment encourager les entreprises à produire en France ?

Pour encourager à produire en France, il faut une véritable politique industrielle globale. Je me réjouis d’ailleurs que le gouvernement travaille sur cette question avec conviction. Plusieurs choses peuvent être mises en place mais je pense que la priorité est d’encourager financièrement les entreprises à produire en France comme ça peut être le cas pour celles qui font de la recherche. Par exemple, pourquoi ne pas supprimer les taxes foncières qui pèsent sur tous les bâtiments qui abritent des ateliers ou des usines de production ?

« Pour encourager à produire en France, il faut une véritable politique industrielle globale.»

Le « Made in France » est-il un bon argument commercial à l’international ?

Bien sûr que le « Made in France » fait vendre à l’international. La France est leader dans bien des domaines : l’agroalimentaire, le luxe, la cosmétique… avec des savoir-faire qui sont connus et reconnus dans le monde entier.

Prenez l’exemple de l’industrie du cuir : en 2008 les exportations de la filière du cuir représentaient un peu moins de 5 milliards d’euros, en 2018 elles sont de 11,7 milliards. C’est une donnée sans équivoque qui montre une tendance à l’ouverture vers l’international des produits français. Naturellement, il reste encore beaucoup à faire pour équilibrer notre balance commerciale mais force est de constater que le « Made in France » n’est plus seulement un atout intérieur et que la marque France ouvre bien des portes à l’étranger. La certification « Origine France Garantie » est d’ailleurs pour de nombreuses entreprises un gage de crédibilité à l’export pour rassurer les clients étrangers.

À l’ère de la prise de conscience environnementale, produire local n’est-il pas l’avenir de nos modèles économiques ?

Non seulement produire local est l’avenir mais c’est surtout une nécessité environnementale qu’il faut encourager à développer. Il y a déjà énormément d’initiatives pour produire plus propre en utilisant des déchets recyclés comme matières premières, en modernisant leur site de production, en luttant contre l’obsolescence programmée par exemple.

Du côté des consommateurs, on remarque que les habitudes changent et qu’il y a une réelle prise de conscience de l’impact environnemental de la consommation. Le consommateur veut désormais tout savoir sur le produit qu’il achète et l’indication d’origine est un élément de cette transparence exigée.

Le combat d’« Origine France Garantie » est à la fois un levier de patriotisme économique, de rayonnement de la France et de valorisation du premier des circuits courts. Si 92 % des entreprises qui ont obtenu cette certification la renouvellent tous les 3 ans, ce n’est pas par hasard !

http://www.originefrancegarantie.fr/

 

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