Le leader mondial de la création de parfums et d’arômes est implanté à Argenteuil depuis près de 120 ans. Un site stratégique pour son développement sur le marché européen. Découverte.
C’est un véritable campus, qui abrite à deux pas de la Seine toute la créativité du géant Suisse de la cosmétique et des parfums. Des installations où se côtoient laboratoires, centres de recherche et de créativité, hub informatique, salle d’échantillonnage pour les clients, contrôle qualité et autres fonctions supports, qui lui permettent de rayonner sur l’ensemble du marché européen, sans oublier un joyau unique au monde : son école de parfumerie. Ce site historique où évoluent 550 collaborateurs, initialement fondé par la maison de composition française Roure-Bertrand Fils et Justin Dupont, lui associe les savoir-faire de l’entreprise genevoise depuis la fusion des deux entreprises en 1991, date qui marque le début d’une formidable aventure entrepreneuriale.
Une entreprise ouverte sur le monde
Au fil des décennies et des acquisitions de sociétés remarquées pour leur capacité à enrichir le portefeuille de compétences et de créativité de la marque, le groupe Givaudan s’est imposé comme le leader incontesté d’un marché en pleine évolution. Depuis sa création, le groupe Givaudan est ouvert sur le monde et sa diversité culturelle, comme source d’enrichissement de sa capacité créatrice. « Notre approche d’intégration consiste à préserver et à optimiser les points forts des sociétés acquises et d’incorporer leurs valeurs à notre ADN, en associant les expertises et les portefeuilles de produits pour enrichir la culture du groupe et la faire évoluer », précise Sophie Cauchi, responsable communication Fine Fragrance.
Le rachat en 2018 de Naturex, basé à Avignon, spécialisé dans la création d’arômes naturels, répond ainsi à la volonté de s’adapter à l’évolution de plus en plus marquée des préférences des consommateurs en faveur des produits naturels. Une cohérence stratégique forte pour donner naissance à un leader dans le domaine des ingrédients naturels. L’autre dimension qui ira croissante est d’assurer auprès des marques et des consommateurs que tout est fait dans le respect d’une démarche éthique et responsable.
25% des produits de consommation contiennent des arômes et des parfums créés par Givaudan
Les productions du groupe touchent indirectement le consommateur à tous les moments de sa vie créant ainsi une succession de souvenirs qui participent à son ADN olfactif. Ses parfums et arômes, se retrouvent aussi bien dans les produits de grande consommation (savon, shampoing, lessive, désodorisants, dentifrice, bougie) et produits de l’industrie agroalimentaire, que dans la parfumerie ou les cosmétiques, aussi bien pour des clients internationaux comme Unilever, Henkel ou L’Oréal que des clients locaux ou régionaux comme Le Petit Marseillais. Mais le monde change vite et les périmètres où Givaudan est impliqué aussi. « Le consommateur que nous servons indirectement veut plus de naturalité, de qualité, de transparence et d’authenticité, ses priorités sont la santé, le bien-être et le vivre mieux », insiste Sophie Cauchi.
Autre phénomène commencé il y a 15 ans : l’explosion d’une parfumerie de niche ou haute parfumerie très audacieuse. « Au même titre que la haute couture, elle va lancer des tendances et prendre des risques. Une évolution vers plus encore de qualitatif, avec des parfums différenciant, qui démontre l’intérêt grandissant du consommateur pour la qualité des matières premières ». Le consommateur veut plus de transparence et d’authenticité, c’est pourquoi Givaudan attache une grande importance à la traçabilité des ingrédients et à la préservation des filières.
Répondre aux défis environnementaux et sociaux
L’entreprise est ainsi pionnière dans la mise en place de filières durables et équitables, comme celle du benjoin au Laos. A travers sa fondation, elle œuvre auprès des communautés rurales des provinces du Phongsaly, pour lutter contre l’exode des populations en finançant la construction de collèges, pour préserver les savoir-faire et mieux prendre en compte les enjeux locaux. Elle anticipe aussi les évolutions provoquées par les changements climatiques et leurs conséquences sur les cultures. « Pourrons-nous toujours cultiver des plantes à parfum quand l’urgence des populations sera de se nourrir ? », s’interroge Sophie Cauchi. La chimie verte est à ce titre un axe de développement stratégique chez Givaudan.
« Si nous provoquons autant d’émotions chez le consommateur, c’est parce que nous avons des collaborateurs très engagés dans un métier très émotionnel au service du bien-être »
L’école de parfumerie Givaudan
Unique en son genre, elle a été créée en 1946 par le parfumeur Jean Carles. Installée depuis 1997 sur le site d’Argenteuil, elle accueille des étudiants venus du monde entier, choisis au terme d’une sélection drastique. « Nous devons déceler parmi plus de 2 000 candidatures annuelles, les 2 ou 3 profils susceptibles de proposer la créativité olfactive la plus intéressante », souligne Agnès Pinel. C’est pourquoi la sélection s’opère au terme d’une année de rencontres et d’épreuves. Actuellement 12 élèves suivent une formation de 4 ans au cours desquels ils acquièrent les bases techniques de la parfumerie (5 000 ingrédients) et cultivent leur imaginaire olfactif à la faveur de voyages récoltes, de rencontres, de projets créatifs dégagés de toutes contraintes financières, qui forgent leur personnalité. Accompagnés dans leur apprentissage par Calice Becker, directrice de l’Ecole de parfumerie Givaudan et parfumeur (créatrice du parfum J’adore pour Dior), ils bénéficient d’un environnement de travail exceptionnel et d’un brassage culturel d’où émergera la parfumerie de demain. Une école de référence, puisqu’un parfum sur trois dans le monde a été conçu par un parfumeur qui a fait l’Ecole Givaudan, à l’image de Jean-Claude Ellena, qui a été nez d’Hermès, ou Jacques Polge chez Chanel.
Une école déjà ancrée dans le futur, avec, dans son arsenal, les dernières technologies développées par la Digital Factory du groupe, basée à Paris, qui a mis au point pour les parfumeurs un étonnant support d’aide à la création : Carto. Une table équipée d’un écran tactile qui, en s’appuyant sur les données spécifiques de plusieurs milliers d’ingrédients, propose des pistes créatives au parfumeur. « Elle l’inspire et peut l’inciter à faire des associations auxquelles il n’aurait pas forcément pensé, mais au final, c’est le parfumeur qui garde le contrôle sur sa création», précise Sophie Cauchi. « L’humain doit rester au centre de toute chose », insiste Agnès Pinel. « Si nous provoquons autant d’émotions chez le consommateur, c’est parce que nous avons des collaborateurs très engagés dans un métier très émotionnel au service du bien-être ».
Givaudan en chiffres :
- 6,2 milliards
- 13 598 collaborateurs
- 3 600 brevets actifs
- Présent dans 50 pays (11 implantations en France)
4 familles de produits :
- la parfumerie fine
- la parfumerie fonctionnelle (produits de grandes consommation)
- les arômes
- les actifs cosmétiques qi entrent dans la composition des crèmes
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