CE QUI POUVAIT APPARAÎTRE LORS DE SA PREMIÈRE ÉVOCATION, COMME UN PROJET UN PEU FOU VOIRE UTOPIQUE, S’EST FINALEMENT IMPOSÉ COMME L’ACTE STRUCTURANT DE TOUTE UNE RÉGION POUR RÉPONDRE AUX DÉFIS DU 21e SIÈCLE. UN PROJET DE COHÉSION TERRITORIALE ET SOCIALE, ACCÉLÉRATEUR D’ACTIVITÉS ET D’EMPLOIS, ÉCOLOGIQUE ET URBANISTIQUE, QUI INSUFFLE UNE NOUVELLE DYNAMIQUE.
Nous sommes en 2030 et notre région s’est métamorphosée pour s’imposer comme l’une des métropoles les plus dynamiques de la planète. 90 % des franciliens habitent désormais à moins de 2 km d’une gare. Les temps de déplacement à bord de moyens de transport automatisés et connectés se sont réduits, de nouveaux quartiers écoresponsables alliant activités économiques, loisirs et logements ont vu le jour et les entreprises les plus innovantes se côtoient au sein de hubs de compétitivité. Pour en arriver là, quelque 26 milliards d’euros seront nécessaires pour changer le quotidien de près de 9 millions de voyageurs empruntant chaque jour le réseau de transport d’Île-de-France. Un préalable indispensable pour renforcer l’attractivité du territoire
REPENSER DES TRANSPORTS SATURÉS ET VIEILLISSANTS
Entre 2020 et 2030, 68 nouvelles gares seront construites sur le tracé des quatre nouvelles lignes du Grand Paris Express, auxquelles il faut ajouter les stations des lignes de métro 4, 11, 12 et 14 qui seront prolongées et le Charles-de-Gaulle Express qui desservira l’aéroport de Roissy. L’enjeu est d’importance, il faut désengorger des transports au bord de l’asphyxie en raison d’un manque criant d’investissements pour répondre à la poussée démographique et à l’étalement du tissu urbain. Cette première phase du projet est en train de prendre corps avec le lancement des travaux de la ligne 15 pour permettre l’entrée en action du tunnelier début 2018.
Les travaux préparatoires se poursuivent par ailleurs sur les lignes 16 et 14 Sud, tout comme le chantier de prolongement sud de la ligne 4 vers Bagneux, dont la mise en service est prévue en 2020, du prolongement de la ligne 12 vers Aubervilliers à horizon fi n 2019 et de la ligne 11 vers Rosny-Bois-Perrier en principe pour 2022. Côté RER, le prolongement de la ligne E vers La Défense vient d’être lancé, pour une mise en service en 2022.
CRÉER UNE NOUVELLE URBANITÉ
L’ambitieux projet ne se limite pas toutefois à la mise en œuvre d’un réseau de transport efficace. Il est aussi l’occasion de rééquilibrer les territoires franciliens, en développant autour des gares, une nouvelle urbanité pour forger une ville mixte sachant allier les usages économiques, résidentiels et de loisirs dans une démarche écoresponsable. Cette fonctionnalité mixte des quartiers, rompt avec les conceptions urbanistiques précédentes. Les métropoles de demain seront multipolaires. L’aménagement urbain et la mobilité devront être des facteurs de cohésion sociale, pour faire en sorte que la population, où qu’elle soit, ait facilement accès à tous les avantages et services de la métropole. L’infrastructure numérique y jouera un rôle essentiel. Les travaux de génie civil du Grand Paris Express seront l’occasion de renforcer la connectivité du territoire et de proposer une combinaison du réseau de fibres optiques avec les data center locaux et une plateforme de data mutualisée, unique au monde. À l’heure de la transition énergétique, cette conception urbaine rapprochant les zones de vie et d’emploi qui limitent les transports et la construction de quartiers composés de bâtiments de haute qualité environnementale (HQE), sera le symbole d’un changement d’époque plus en phase avec les attentes des populations.
UN ACCÉLÉRATEUR DE CROISSANCE ET D’EMPLOI
« Le Grand Paris Express devrait accroître le montant des flux directs d’investissements sur l’ensemble de la région d’environ un quart », estime Jean Claude Prager, Chef économiste de la Société du Grand Paris.
« Avec les emplois induits, il créera une valeur supplémentaire d’au moins 60 milliards d’euros pour la collectivité selon l’hypothèse moyenne. En termes d’emploi, les prévisions varient entre 115 000 et 315 000 créations liées au projet d’ici 25 ans ».
C’est que la philosophie d’origine de son initiateur, Christian Blanc, est toujours présente : relier les grands pôles de compétitivité de la région (la finance à La Défense, l’innovation à Saclay, la santé sur l’axe Villejuif-Ivry, le développement durable autour de la Cité Descartes de Marne-la-Vallée, le transport et la logistique autour de Roissy et du Bourget, la création du côté de Saint-Denis Pleyel).
Le moyen de rapprocher autour de projets communs, les grandes entreprises, les PME et les laboratoires de recherche. En favorisant la mobilité à travers la région, le Grand Paris Express accroît l’attractivité et la compétitivité du tissu économique.
Premiers bénéficiaires de cette manne, les secteurs des travaux publics et du bâtiment, mis à mal ces dernières années, mais aussi l’industrie ferroviaire. Pendant la durée des travaux, ce sont 15 000 emplois qui seront chaque année induits par le projet.
Article paru dans CAP IDF N°61