Investissement des particuliers dans les PME et ETI. Entretien avec Jérôme Bouquet, Bpifrance

Paru dans #MagCAPIDF, mai 2024

Il y a un an, Bpifrance lançait un nouveau fonds d’investissement permettant aux particuliers d’investir dans les entreprises non cotées. Ce sont-ils emparés de cette opportunité ? Nous avons posé la question à Jérôme Bouquet, directeur Réseau Île-de-France de Bpifrance.

Quel accueil les épargnants français ont-ils réservé au fonds d’investissement « Bpifrance Entreprises Avenir 1 » qui leur permet d’investir dans des entreprises françaises et européennes non cotées ?

Nous avons rencontré un accueil très favorable sur le marché. Le fonds est disponible dans toutes les grandes enveloppes d’épargne françaises (PEA PME, CTO, assurance vie et épargne retraite) : il est proposé par quatre compagnies d’assurance, un gestionnaire d’épargne Retraite Collective et via notre partenaire aux CIFs et notre partenaire TYLIA Invest. Il s’agit de notre troisième fonds à destination d’investisseurs particuliers mais notre premier fonds dit « primaire ». C’est la première fois que nous proposions aux Français de co-investir indirectement, avec Bpifrance en même temps et dans les mêmes conditions, dans des entreprises françaises et européennes non cotées.

« Le portefeuille du fonds devrait être composé d’environ 300 PME et ETI, principalement françaises. »

Quel est l’objectif de ce fonds ?

Ce fonds a une vocation pédagogique, il nous permet d’aller plus loin dans le cadre de notre mission de rendre le capital-investissement plus accessible aux investisseurs non professionnels :

  • Auprès des particuliers, pour leur faire vivre une réelle expérience du capital-investissement
    à savoir : la constitution d’un portefeuille au fil de l’eau, sur une durée de 3–4 ans, en fonction du rythme de déploiement du capital des fonds sous-jacents. Dans cette fusée à trois étages, « BEA1 » investit dans des fonds sous-jacents qui, à leur tour, investiront dans des sociétés non cotées des PME-ETIs. Ensuite, les fonds sous-jacents restent au capital de ces PME-ETI durant une période de détention de 5 à 8 ans pendant laquelle ils les accompagnent pour les développer et les transformer. Finalement, les fonds sous-jacents céderont leur participation dans ces sociétés en espérant réaliser une plus-value et remonter ainsi des liquidités aux investisseurs de BEA1. Grâce à cette stratégie dite « primaire », on s’inscrit dans le temps long du capital-investissement, un capital patient.
  • Auprès de certains de nos distributeurs, afin de les convaincre que même si cette stratégie
    primaire est certes plus longue et risquée (car le portefeuille reste à constituer), elle s’inscrit dans la durée (12 ans maximum).
  • Auprès de nos fonds partenaires (ces fonds sous-jacents qui constituent le portefeuille direct de BEA1), pour qu’ils s’ouvrent indirectement à des particuliers : une grande première pour certains d’entre eux.

BEA1 et l’ensemble de la gamme de fonds Bpifrance Entreprises illustrent notre volonté de permettre au plus grand nombre d’accéder à cette classe d’actifs, encore méconnue du grand public et de participer au financement de l’économie réelle.

« Ce fonds a une vocation pédagogique, il nous permet d’aller plus loin dans le cadre de notre mission de rendre le capital-investissement, plus accessible aux investisseurs non professionnels. »

Quels profils d’investisseurs avez-vous attirés avec ce nouveau dispositif ?

Ce premier fonds primaire nous a permis d’une part, au travers de l’abaissement du ticket minimum à 1 000 euros, une percée auprès des jeunes actifs et d’autre part, de convaincre une population d’entrepreneurs, ravis de financer l’économie réelle et de proximité. L’investisseur type rajeunit : 43 ans en moyenne contre 46 ans sur Bpifrance Entreprises 2 et 51 ans sur Bpifrance Entreprises 1. Le ticket moyen sur le canal digital diminue fortement : environ 8 000 € sur BEA1, contre 12 400€ sur BE2 (-35 %).

Quelles sont les principales entreprises bénéficiaires à ce jour ?

À ce jour, les fonds sous-jacents commencent à leur tour à investir, mais malgré cela nous comptons déjà une dizaine d’entreprises actives, par exemple dans le secteur des énergies renouvelables ou celui de l’imagerie médicale pour le diagnostic oncologique. In fine, le portefeuille du fonds devrait être composé d’environ 300 PME et ETI, principalement françaises, toutes régions confondues et dans une multitude de secteurs (santé, technologie, industrie, éducation, etc.). La politique d’investissement du fonds est agnostique d’un point de vue sectoriel.

Bpifrance envisage-t-elle de proposer dans les prochains mois d’autres véhicules d’investissement aux particuliers ?

Fort du succès de la collecte de ses deux premiers fonds dédiés aux investisseurs particuliers (Bpifrance Entreprises 1 – BE1 et Bpifrance Entreprises 2 – BE2), Bpifrance a franchi une nouvelle étape dans l’accès à cette classe d’actifs traditionnellement réservée aux professionnels, avec le fonds BEA1 lancé l’an dernier. L’objectif est de permettre au plus grand nombre de contribuer au financement de l’économie réelle et d’accompagner ainsi la croissance des PME et ETI. Nous ne sommes encore qu’au début de la démocratisation de cette classe d’actifs et nous réfléchissons activement à poursuivre nos efforts avec l’ensemble de l’écosystème pour ouvrir aux Français l’accès au capital-investissement.

 

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