Karine SCHRENZEL Cofondatrice de ShopInvest

Karine SCHRENZEL

Cofondatrice de ShopInvest 

Et si on allait voir plus loin ?

Un pied dans les affaires, un autre dans la famille, les nuits souvent brèves…

Assurer d’un côté la sécurité et le développement des enfants, de l’autre la sécurité et le développement de l’entreprise, ça demande une organisation sans faille en période de développement (qui heureusement perdure des 2 côtés !).

Et pourtant…

Dans certains pays en développement, la création de business fait partie de la culture de tout le peuple. La moindre opportunité d’activité économique est saisie au vol par un membre de la famille, puis par toute la famille si le projet se développe, puis par un groupe local, et finit souvent par une PME pleine d’avenir. C’est ce que la Banque Mondiale appelle le développement « par le bas », plus solide et plus durable que les investissements spectaculaires et volatiles des grandes multi-nationales. Bénéficiant à tous, et entretenant un esprit d’entreprise qui est la base de tout développement national. Je l’ai rencontré à Madagascar, au Chili, au Vietnam surtout, mais il existe ailleurs aussi et c’est un gisement de progrès pour toute la planète. D’autres petits pays, comme Israël, sont un modèle pour le monde entier, pour encourager la créativité, la prise de risque et l’entrepreneuriat.

Comment y participer et en tirer sa part de progrès ? « Donne un poisson à un homme et il mangera un jour ; apprends-lui à pêcher et il mangera toute sa vie ». Ce vieux dicton s’applique parfaitement au développement : il est beaucoup plus utile aux pays pauvres d’y favoriser le développement économique que de leur envoyer d’éphémères subventions ; indispensables pour passer une crise, mais pas suffisantes pour éviter les suivantes.

Comment aider ? Les citoyens sans moyens qui aimeraient créer un business local ont besoin : qu’on leur donne confiance ; qu’on les aide à évaluer le marché potentiel ; qu’on les introduise dans les questions administratives ; qu’on les oriente vers les financements possibles. Et ces financements existent plus souvent qu’on ne le croit, mais compliqués d’accès pour un citoyen de base.

Qui peut aider ? Dans son grand plan d’assistance qui a permis aux pays d’Europe centrale d’intégrer l’Union Européenne, la Commission Européenne avait exclu de l’assistance tout expert n’ayant pas lui-même mis en pratique ce qu’il proposerait. Et voilà les chefs d’entreprise en première ligne…

Une entreprise peut choisir un ou des pays intéressés par son activité, et contribuer à y créer un réseau de petites entités : soit intégrées à l’entreprise française, soit autonomes et partenaires. Bien menée, cette assistance est un deal win-win : pour les  entités créées et leur pays, pour l’entreprise française qui se dote d’un réseau rentable de fournisseurs et de clients.

Quid des femmes ?

Pour le faire, il faut trouver dans l’entreprise française la chef d’entreprise/ collaboratrice ayant l’intuition de cette démarche dans un pays donné, et la disponibilité pour y séjourner quelque temps, surtout au début. Une femme ayant envie d’entreprendre, d’accompagner et d’aider à mettre le pied à l’étrier.

Remarque très réelle et sans opportunisme féministe : j’ai pu constater que dans les pays concernés, les femmes sont le plus souvent beaucoup plus motivées et disponibles que les hommes pour saisir une chance de création de micro-entreprise. Les hommes sont absorbés par leur emploi actuel qui fait vivre la famille. Même surexploitées, les femmes sont plus ouvertes, motivées, attentives à des possibilités nouvelles. Et leur niveau culturel (économie comprise) rejoint celui des hommes. Pour mettre ces femmes en marche, l’assistance d’une femme elle-même chef d’entreprise est de loin plus efficace que celle d’un homme : confiance de la femme, moindre réticence de son entourage masculin.

Voilà donc le challenge qui attend nos entreprises en développement. Construire un réseau extérieur ne se fait pas par correspondance ou colloque. C’est un investissement humain et financier souvent hors de portée pour une entreprise petite ou moyenne en phase de consolidation, mais un challenge à ne pas oublier quand les circonstances s’y prêtent. Un investissement qui requiert l’engagement des femmes de l’entreprise. Aléatoire et un peu risqué au début s’il n’est pas soigneusement préparé, potentiellement très rentable pour l’entreprise, excellent pour le pays démarché. Et pour le problème mondial des migrants, il n’y a pas d’autre solution que d’aider les gens à mieux vivre chez eux.

Voilà, je l’espère, un challenge qui m’accompagnera dans une deuxième partie de ma vie…

Biographie 

Karine a co-fondé ShopInvest, un « pure player » e-commerce dans le domaine de la cosmétique, bijouterie, lingerie et décoration. Elle a développé plus de 9 marques, dont MenCorner, Comptoir de l’Homme, Bijourama, SoFactory ou DeclikDeco, LemonCurve qui sont chacun devenus des acteurs majeurs sur leurs marchés respectifs. ShopInvest s’est développé à partir de sites internet créés en propre comme Mencorner (site de cosmétique pour homme créé par Karine en 2006) et d’autres sites verticaux spécialisés rachetés au fil des ans (rythme de 2 acquisitions par an). Le groupe mutualise les fonctions supports et garde des sites e-commerce verticaux spécialisés. Shopinvest est aujourd’hui dans le paysage du e-commerce français, un des seuls acteurs rentables et de taille significative. Auparavant Karine travaillait chez McKinsey et en fonds d’investissements. Elle est mariée et a deux enfants, Stella (6 ans) et Ariel (4 ans).

www.shopinvest.fr