Vous venez de prendre la présidence du Comité Île-de-France. Quelles seront vos principaux chantiers au cours des prochains mois ?
Avant toute chose, je tiens à dire ma fierté d’avoir été élu à la tête du Comité régional des banques de la FBF. La mission qui m’incombe est de représenter, avec l’aide de tous mes collègues membres, la profession auprès de tous les interlocuteurs régionaux : fédérations professionnelles, pouvoirs publics… Mes principaux chantiers seront donc de poursuivre le dialogue avec l’ensemble de nos interlocuteurs pour expliquer le rôle des banques, notamment celui qu’elles jouent dans le financement de l’économie ainsi que l’accompagnement des transitions. Mais il y a aussi une action forte à mener pour la promotion des métiers bancaires : en effet nos établissements, comme beaucoup d’autres secteurs, cherchent toujours à attirer des talents pour renforcer leurs équipes.
Le financement des entreprises et de leurs projets est au cœur des préoccupations des dirigeants. Quelles sont les conséquences de la hausse des taux ? L’accès au financement est-il plus difficile ?
Le financement de l’économie, qu’il s’agisse des entreprises, des collectivités ou des particuliers est la première priorité des banques françaises. C’est donc également le cœur de notre activité. Le contexte de remontée rapide des taux, liée à la révision de la politique monétaire, génère certes une augmentation du coût des financements pour les entreprises, mais il est à noter que les taux d’intérêt des crédits accordés aux entreprises en France restent inférieurs à la moyenne de la zone euro et que ces dernières continuent d’y accéder aisément : selon la Banque de France, au 4e trimestre 2022, 96 % des PME obtiennent les crédits d’investissement demandés et 83 % les crédits de trésorerie souhaités. L’accès au crédit figure d’ailleurs toujours comme un marqueur positif pour toutes les entreprises, dans une conjoncture marquée par de nombreuses incertitudes.
« LES TAUX D’INTÉRÊT DES CRÉDITS ACCORDÉS AUX ENTREPRISES EN FRANCE RESTENT INFÉRIEURS À LA MOYENNE DE LA ZONE EURO. »
Quelle est l’importance de cet accompagnement financier dans notre région et comment y apporter plus de fluidité ?
L’accompagnement financier demeure très dynamique dans notre région ! L’encours total des financements représente à fin novembre plus de 874 Mds €, soit un tiers des encours nationaux. Si on considère plus spécifiquement les encours des financements accordés aux entreprises en matière de trésorerie ou d’équipement, ils atteignent 408 Mds €. Cette progression est liée au dynamisme économique régional et au volontarisme des dirigeants d’entreprise mais aussi aux vertus du modèle français de banque universelle de proximité. Ce dernier s’appuie sur une présence territoriale et un dialogue régulier entre ces dirigeants d’entreprise et leurs banquiers. Il est donc important que nous puissions maintenir ce modèle à l’avenir.
« LES financements accordés aux entreprises franciliennes en matière de trésorerie ou d’équipement atteignent 408 Mds €. »
Comment les entreprises gèrent-elles leur PGE et rencontrent-elles des difficultés de remboursement ?
Le PGE a été un outil bancaire massif de soutien à la trésorerie des entreprises associant la proximité relationnelle des banques avec les clients et leur bonne connaissance du tissu économique : plus de 75 % de l’encours global a été rapidement accordé par les banques françaises dans les trois premiers mois de la mise en place du dispositif, entre fin mars et fin juin 2020. Pour la seule Île-de-France, c’est ainsi près de 140 000 entreprises qui ont bénéficié d’un PGE pour plus de 52 Mds € ! Les remboursements des PGE ont pour la plus grande partie débuté, sans difficulté notable au plan macro-économique ou par secteur d’entreprises. Au niveau national, un tiers des montants a ainsi déjà été remboursé par les entreprises. Les banques sont vigilantes et à l’écoute de leurs clients pour rechercher, en cas de difficulté, les solutions adaptées et personnalisées. Les alertes sont à ce jour limitées. Les chefs d’entreprise sont encouragés à s’adresser, en cas d’inquiétude, le plus en amont possible à ceux dont le métier est de les accompagner, que ce soient les banques, les experts-comptables, les réseaux consulaires. Pour illustrer la situation positive des remboursements des PGE, on peut noter que les demandes de restructuration de PGE via la médiation du crédit aux entreprises (ou les autres procédures amiables et judiciaires) sont très faibles.
Quel regard portez-vous sur le maintien du « PGE Résilience » qui est prolongé pour 2023 ?
Mon regard est positif et admiratif sur la capacité de résilience des entreprises, notamment dans notre région : elles font face chaque jour aux difficultés d’approvisionnement et aux hausses de coûts de production. La prolongation du PGE Résilience met un atout supplémentaire à disposition des entreprises qui rencontrent un besoin significatif de trésorerie en raison des conséquences économiques du conflit en Ukraine, notamment face à la persistance du contexte inflationniste. Il existe toutefois d’autres outils que les chefs d’entreprise peuvent utiliser pour renforcer leur structure financière comme les prêts participatifs Relance ou les obligations Relance dont la distribution s’est accélérée.
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