Tribune d’Agnès Lo Jacomo, Présidente du MEDEF Ile-de-France
Le logement n’est pas « qu’une machine à habiter »
« Crise du logement ». Si la situation n’est guère comparable à celle qui a suivi l’après-guerre, le terme et sa réalité sont toujours d’actualité en Ile-de-France. La situation est alarmante. Or le logement n’est pas qu’« une machine à habiter », fonctionnelle, comme l’affirmait Le Corbusier. C’est un facteur de compétitivité, d’attractivité et un enjeu humain et sociétal déterminant.
En Ile-de-France, il est plus difficile de trouver un logement qu’un emploi. C’est le premier poste de dépense des ménages, en progression constante. Les raisons de cette situation sont connues : une offre insuffisante et donc chère dans un contexte démographique en expansion. L’Ile-de-France concentre 20 % de la population française, mais ne pèse plus que 10 % de la construction totale de logements.
La crise du logement a des causes multiples : insuffisance de terrains avec un malthusianisme foncier particulièrement prégnant dans les communes périurbaines d’Ile-de-France, réglementation du sol contraignante, empilement des réglementations et des normes qui pèse lourdement sur le coût de la construction, fiscalité pénalisante sur la construction, déséquilibre des rapports entre bailleurs et locataires…
Cette situation affecte directement les entreprises de construction, avec des répercussions négatives sur la situation économique et l’emploi, sachant que la construction d’un logement représente 1,8 emploi : baisse d’activité de 4,3 % en 2014, soit 0,4 point de croissance en moins en 2014, 30 000 emplois détruits en 2014, plus de 100 000 emplois détruits depuis 2007. Compte-tenu de la hausse des prix de l’immobilier, de plus en plus de salariés sont contraints d’habiter loin de leur lieu de travail. Cet éloignement est préjudiciable aux entreprises qui ont des difficultés à recruter de nouveaux salariés. Elle est aussi préjudiciable aux salariés déjà embauchés, le temps passé dans les transports et les difficultés rencontrées lors de leurs déplacements générant fatigue et stress. Enfin, la pénurie de logements renforce l’exclusion avec les conséquences que l’on connaît : chômage, désocialisation…
Le Medef Ile-de-France a décidé de s’emparer du sujet et de proposer des mesures. Il propose des solutions concrètes et simples pour remédier à cette situation : libérer du foncier constructible à des conditions abordables et convaincre les maires d’être des maires « bâtisseurs » et revoir la réglementation du sol. Il s’agit également de maîtriser l’élaboration des réglementations et des normes de construction pour contenir les coûts : selon les fédérations professionnelles de la construction, l’impact des normes et réglementations sur le prix de construction des logements se traduit par un surcoût de 23 % sur cinq ans. Le Medef Ile-de-France préconise par ailleurs de rendre les dispositifs publics en faveur du logement plus incitatifs et performants et de rendre la réponse du logement social plus efficiente dans un contexte budgétaire contraint… En relation avec les partenaires sociaux, le Medef s’engage de son côté à réformer le dispositif Action Logement afin de répondre aux attentes des entreprises et de leurs salariés.
Source : http://www.lopinion.fr/9-avril-2015/logement-n-est-pas-qu-machine-a-habiter-23123