Entretien avec Géraldine Loubriat, administratrice de Mobilians Île-de-France
Que représente le secteur de l’automobile et de la mobilité en Île-de-France ?
La mobilité sur route reste un secteur économique majeur en Île-de-France avec plus de 31 000 entreprises dont 11 000 qui embauchent près de 80 000 salariés. Si les immatriculations (voitures essentiellement) sont en légère baisse depuis 2020, le parc roulant représente toujours plus de 6 millions de véhicules (VP, VUL, PL et bus). Au-delà de ce chiffre, le secteur est engagé dans une mutation technologique, digitale et environnementale sans équivalent. Mobilians y joue un rôle actif. Les transitions écologiques et numériques transforment profondément ce secteur.
Comment accompagnez-vous vos adhérents sur ces sujets ?
RSE, économie circulaire, économies d’énergie, Mobilians accompagne ses adhérents dans de nombreux aspects de la transition écologique, notamment le véhicule électrique. Portée politiquement, cette transition ne représente pas la réalité pour une large majorité de nos entreprises. Si Mobilians travaille d’ores et déjà avec les réseaux de distribution liés stratégiquement aux constructeurs, il nous faut sensibiliser et faire preuve de pédagogie afin de ne pas laisser les artisans et indépendants sur le bord de la route. L’impact sanitaire est primordial mais la pérennité de nos entreprises l’est tout autant. Nous organisons de nombreuses réunions et des formations en partenariat avec l’Avere-France, association pour le développement de la mobilité électrique et le Groupement national pour la formation automobile (GNFA) pour mieux informer et encourager à la transformation des ateliers. Le numérique s’est immiscé depuis longtemps dans l’ensemble de la filière. Les professionnels du secteur font preuve d’une grande capacité d’adaptation pour s’adapter aux nouvelles exigences technologiques et digitales et rester compétitifs, quelle que soit la taille de l’entreprise. Aujourd’hui, l’enjeu se situe au niveau de la protection des données du véhicule connecté.
Quelles seront selon vous les principales évolutions de la mobilité dans notre région ?
La région est un laboratoire des mobilités. Située entre les mobilités alternatives que nous représentons également et le déploiement continu des transports en commun, l’automobile conserve une place essentielle, mais certaines politiques publiques proche du dogmatisme empêchent une cohabitation bénéfique. La voiture reste un maillon indispensable dans la chaîne des mobilités, surtout quand on réside ou travaille en grande couronne. Alors que la voiture a fait sa révolution technologique, et qu’elle est en pleine révolution énergétique, nous attendons des pouvoirs publics une politique de soutien plutôt qu’une politique de découragement, surtout dans une période inflationniste sur les plans économique et normatif. La clientèle et les besoins sont là mais la pression immobilière exercée sur nos entreprises en Île-de-France engendre une réduction structurelle du maillage d’entreprises traditionnelles. Nous assistons dans certaines communes à une véritable « chasse aux garages », souvent détenteur de foncier valorisable. En devenant Mobilians, le Conseil National des Professions de l’Automobile (CNPA) a aussi démontré toute sa volonté et sa compréhension de l’évolution des usages et du passage du tout voiture à une mobilité multiple, connectée et décarbonée. Nous accompagnons quotidiennement nos adhérents sur cette voie.
« En réponse à l’innovation et à l’évolution des usages, Mobilians s’ouvre à de nouveaux métiers émergents comme les bornes de recharge, le retrofit et le remanufacturing, favorisant ainsi la signature de nouveaux partenariats et le renforcement de notre expertise. »
Quelles en seront les conséquences sur les métiers ?
L’environnement de travail de nos entreprises est de plus en plus complexe. Nos dirigeants doivent être en alerte constante sur le plan réglementaire, ouvert aux évolutions tant techniques que sociétales et aptes à investir pour rester compétitif. Dans ce contexte, les métiers s’adaptent également. Le dirigeant s’engage pour lui-même et ses salariés dans une évolution des compétences. Parmi les métiers en développement, nous comptons l’électronicien automobile du fait de la progression du véhicule électrique, le réparateur pour des cycles qui sont de plus en plus performants et connectés, les opérateurs de bornes de recharge, sans oublier les emplois de développeurs au sein des start-up des services de la mobilité, également représentées par Mobilians. En réponse à l’innovation et à l’évolution des usages, Mobilians s’ouvre à de nouveaux métiers émergents comme les bornes de recharge, le retrofit et le remanufacturing, favorisant ainsi la signature de nouveaux partenariats et le renforcement de notre expertise.
Vous organisez chaque année les trophées Trajectoire Durable. Quelles ont été les actions récompensées cette année ?
Sept entreprises ont été récompensées pour leurs initiatives remarquables sur le plan environnemental. Parmi elles, France Pare-Brise, spécialisée dans le remplacement et la réparation de vitrage automobile et lauréate de la catégorie sociale grâce à son programme #jeprendssoindemoi, une initiative visant à promouvoir une culture du bien-être psychologique et physiologique au sein de l’ensemble de ses filiales. TOLV, entreprise française lauréate de la catégorie décarbonation, a lancé un partenariat avec Renault pour industrialiser le rétrofit de véhicules utilitaires. TOLV fournit le kit de conversion tandis que Renault en assure la production et la distribution. La phase de test et d’homologation achevée en février permettra de rétrofiter les 1 000 premiers véhicules en 2024. Valused, start-up française créée en 2023, spécialisée dans la vente de pièces automobiles d’occasion et reconditionnées, est lauréate de la catégorie économie circulaire. Grâce à une gamme diversifiée de pièces d’occasion et de pièces remanufacturées, un service de réparation sur demande et un service «Conciergerie» pour dénicher les pièces introuvables, Valused a convaincu plusieurs centaines de réparateurs de passer à la PIEC (pièces issues de l’économie circulaire).
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