Après 6 années à la tête du MEDEF Île-de-France, Daniel Weizmann s’apprête à passer le relais à son successeur qui sera élu le 13 décembre. Il revient pour nous sur son action et le rôle que doit jouer selon lui l’organisation patronale.
Au terme de vos deux mandats, quelles sont les réussites dont vous êtes le plus satisfait ?
Avant tout, d’avoir pu développer un relationnel fort avec l’ensemble de nos adhérents et partenaires pour faire progresser nos idées, et d’avoir su faire tomber quelques barrières, afin que nous puissions mieux travailler ensemble. De ce point de vue, ces 6 années furent une aventure humaine extraordinaire. Paradoxalement, la pandémie nous a aidés en nous amenant notamment à travailler très étroitement avec l’exécutif régional et sa présidente Valérie Pécresse. Nous avons su trouver des points de convergence et une relation de confiance s’est instaurée. C’est également le cas avec la préfecture de région. En interne, j’ai tout particulièrement veillé à renforcer les échanges entre les territoires et les branches professionnelles, afin que nous puissions travailler main dans la main, de façon constructive, sur les dossiers d’importance pour les entrepreneurs franciliens : emploi, formation, transport, logement et fiscalité. Avec des succès variés mais toujours la même volonté d’un partenariat crédible : apporter des solutions concrètes sur ces sujets clés pour contribuer à la compétitivité de nos entreprises.
« Nous avons développé un relationnel fort avec l’ensemble de nos adhérents et partenaires pour faire progresser nos idées »
Le MEDEF Île-de-France a fait de l’emploi et de la formation ses principaux chantiers. Quelles sont les avancées les plus significatives dans ces domaines ?
Là aussi, faire travailler ensemble tous les acteurs concernés a été mon leitmotiv. Le MEDEF Île-de-France a contracté des conventions avec le rectorat et France Travail et mis en place un maillage territorial, pour renforcer les connexions entre toutes les parties prenantes. Cette
collaboration coordonnée rend notre action beaucoup plus efficace. Une avancée essentielle au moment où les entreprises peinent encore à recruter. Le succès de la Fête des Métiers et de l’Alternance avec ses 5 000 offres d’emploi et de contrats d’alternance, qui a réuni cette année 6 000 visiteurs et 10 000 visites sur le site dédié, en est une parfaite illustration. Il ne faudrait pas que cette belle mécanique, soit freinée par une diminution du soutien de l’État en la matière.
Vous étiez le Chef de file JOP 2024 du MEDEF pour la région capitale. Les retombées économiques pour les entreprises franciliennes ont-elles été à la hauteur des attentes ?
Même s’il est encore trop tôt pour dresser un bilan exact des retombées d’un tel événement, les signes avant-coureurs sont assez positifs. Le tourisme a enregistré un bon mois de septembre et, incités par les images spectaculaires des Jeux olympiques, les touristes devraient faire leur retour en force en 2025. D’autres secteurs comme le BTP, la sécurité, la propreté et l’événementiel ont profité de cette manne. Seul bémol : la fréquentation touristique en retrait hors période des JO. Nous travaillons activement avec l’État au sein de la Commission d’indemnisation pour compenser en partie les pertes enregistrées notamment dans les secteurs impactés par les restrictions de circulation.
L’Île-de-France est-elle toujours aussi compétitive en Europe ?
Nous sommes toujours, la première région économique d’Europe en termes de taille et d’attractivité. L’Île-de-France représente 50 % des dépenses nationales de R&D, accueille 40 % des cadres et dispose d’universités et de grandes écoles de réputation internationale. Mais les chefs d’entreprise craignent que cette attractivité ne soit érodée par les problèmes récurrents de transport, de logement ou d’accès au foncier. En matière de transport, la maire de Paris privilégie ses électeurs aux dépens de 10 millions de Franciliens, en menant une politique hostile à la voiture et à l’activité économique en centre-ville, au profit du tourisme et d’une ville musée. Le logement est devenu inaccessible à la plupart de nos salariés en raison de prix bien trop élevés. Résultat : de plus en plus d’entreprises songent à quitter la capitale, mais pas forcément pour le reste de l’Île-de-France. Elles sont attirées par des prix du foncier bien plus attractifs et de meilleures conditions de vie, dans des villes bien desservies par le TGV, à seulement une heure de Paris.
« En Île-de-France, nous gérons près de 3 000 mandats, et sommes présents dans toutes les instances de décision »
Dans le contexte économique et politique incertain que nous connaissons, quel doit être le rôle du MEDEF auprès de ses adhérents et quelles devront être les priorités de votre successeur ?
Notre credo au MEDEF est la défense des intérêts des entreprises, pour maintenir et accroître leurs capacités à gagner en compétitivité. Pour y parvenir, notre Mouvement doit être le plus représentatif et le plus fort possible, pour peser auprès des élus. C’est pourquoi les mandats sont d’une telle importance. En Île-de-France, nous gérons près de 3 000 mandats, et sommes présents dans toutes les instances de décision. Nous avons également lancé le Club Affaires publiques, qui, par des échanges réguliers entre élus locaux, représentants économiques et chefs d’entreprise, facilite un dialogue direct et franc autour des grands enjeux régionaux. Au niveau national, en tant que premier syndicat patronal avec 200 000 adhérents représentant plus de la moitié des salariés du privé, nous jouons un rôle déterminant de conseiller économique. C’est en travaillant avec les parlementaires que nous pourrons éviter les approches technocratiques dans les projets de loi, au profit de décisions fondées sur les réalités du terrain, sur les sujets cruciaux pour les entreprises que j’ai déjà évoqués. Je suis convaincu que mon successeur sera inspiré par les mêmes priorités et portera haut la voix du MEDEF Île-de-France. Le tissu relationnel que nous avons su bâtir ces six dernières années, devrait lui donner les moyens d’y parvenir.
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