Réforme des lycées professionnels. Entretien avec Max Roche, MEDEF

Paru dans #MagCAPIDF, avril 2022

« Le MEDEF est en faveur de l’ouverture de la gouvernance des lycées professionnels aux acteurs du milieu professionnel. »

Entretien avec Max Roche, coprésident de la Commission Éducation-Formation-Compétences du MEEDF

Emmanuel Macron appelle à une transformation profonde de la voie professionnelle pour « réarrimer le lycée professionnel au monde du travail ». Est-ce le signe que le MEDEF a été entendu ?

Plus qu’un signe, c’est un cap qui est fixé : le monde professionnel et le monde académique doivent être capables de travailler ensemble et partagent une ambition commune, celle de faire réussir les jeunes et les insérer le mieux possible dans le monde professionnel de demain. La voie professionnelle forme 1 lycéen sur 3 : c’est donc une voie de formation massive qui doit nous permettre de relever les défis démographiques (vieillissement de la population), économiques (compétitivité de nos entreprises) et écologiques pour mieux préparer aux métiers de demain. Le MEDEF ne peut se résoudre à des taux d’insertion aussi faibles dans les lycées professionnels comparativement à d’autres filières : parmi les diplômés de la voie professionnelle, 32 % sont en emploi après un CAP et 45% après un bac pro (6 mois après l’obtention de leur diplôme). Les diplômes préparés dans les lycées professionnels visent avant tout l’insertion professionnelle, ils doivent donc remplir cet objectif initial.

Réaffirmer le lien fort qui doit exister entre le lycée professionnel et le monde du travail ne signifie pas pour autant limiter la voie professionnelle à l’enseignement de compétences et gestes techniques. Au contraire, les entreprises sont à la recherche de jeunes qui possèdent certes des compétences techniques mais aussi comportementales leur permettant d’appréhender les évolutions de leurs métiers. La maîtrise des savoirs fondamentaux est primordiale en lycée professionnel en particulier pour des jeunes plus fragiles ayant des besoins éducatifs plus importants.

« Les diplômes préparés dans les lycées professionnels visent avant tout l’insertion professionnelle, ils doivent donc remplir cet objectif initial. »

Le MEDEF a fait une série de propositions pour y parvenir. Quels sont les principaux axes et quelle doit être la place de l’entreprise dans cette évolution ?

Le MEDEF a activement pris part à la concertation lancée par la ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels Carole Grandjean. Avec des représentants de fédérations adhérentes, le MEDEF a porté, dans chacun des groupes de travail, l’importance de rapprocher les lycées professionnels du monde de l’entreprise.

La place de l’entreprise dans la transformation des lycées professionnels comme voie d’excellence reconnue par toutes et tous (jeunes, parents, enseignants, entreprises) est forcément centrale. C’est pour cela que le MEDEF est en faveur de l’ouverture de la gouvernance des lycées professionnels aux acteurs du milieu professionnel à l’instar des IUT, lycées agricoles et de certains établissements de l’enseignement supérieur.

Le lien avec le monde de l’entreprise peut également se traduire par d’autres propositions, et notamment la meilleure préparation des jeunes en amont de leurs périodes de stage en entreprise et la modulation de celles-ci, la professionnalisation des enseignements, la coconstruction des projets pédagogiques ou encore l’appui de l’expertise des entreprises et des branches professionnelles.

« il faut une meilleure préparation des jeunes en amont de leurs périodes de stage en entreprise et la modulation de celles-ci. »

Comment rendre les filières plus agiles pour répondre à l’évolution des métiers et faciliter une meilleure insertion des jeunes dans l’entreprise ?

L’insertion professionnelle doit être la priorité. L’évolution des compétences adaptées au sein des référentiels grâce à l’expertise des branches professionnelles est l’un des leviers, ce qui suppose la création de nouvelles filières de formation et l’accélération du rythme de révision des diplômes.

Il faut également rendre plus souple le fonctionnement de ces filières en maintenant distinctes deux voies de formation : la voie scolaire professionnelle et l’apprentissage puisque que la pédagogie de l’alternance est exigeante, et ne correspond pas à tous les besoins éducatifs. La complémentarité de ces deux voies de formation reste cependant à construire, les passerelles à créer. Il faut notamment penser en termes d’offre de formation disponible sur un territoire, que celle-ci soit assurée par un CFA ou un lycée professionnel, en particulier dans les territoires où il n’y a pas d’établissements et d’organismes qui proposent des formations par apprentissage.

Les 4 groupes de travail thématiques, initiés par la ministre Carole Grandjean, ont remis leur rapport fin janvier. Quel bilan en tirez-vous ? Quelle est la suite des discussions ? Comment le MEDEF y sera associé ?

Le MEDEF se félicite d’avoir été associé à cette concertation, avec les organisations patronales et syndicales, les Régions, la communauté éducative et les associations de parents d’élèves, et relève le cadre très constructif des échanges. A titre d’illustration, le principe d’une plus grande implication des entreprises et/ou des branches professionnelles a fait consensus, que ce soit en matière de lisibilité des choix pédagogiques des établissements en ou d’organisation de l’offre de formation et de promotion des métiers.

Pour la suite à donner, la ministre va recevoir en bilatérale les partenaires sociaux. Le MEDEF participera aux prochains travaux de réflexion et d’expérimentation. Des arbitrages de la part de la ministre sont attendus au printemps.

 

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