Sarah DANINTHE
Athlète, médaillée européenne et mondiale
2055 : Les femmes dans le sport, leur représentativité et leur représentation
Nous sommes le 8 mars 2055, un jour devenu banal.
Avec mes élèves, nous visitons le musée international du sport. Il y a 40 ans de cela, la place des femmes n’était pas la même. D’ailleurs, à une époque, le 8 mars représentait la journée de la femme. Pour rappel, en 1977 les Nations Unies officialisent la journée du 8 mars en invitant tous les pays de la planète à célébrer une journée pour les droits des femmes. C’était une journée de manifestations à travers le monde : l’occasion de faire valoir l’égalité et de faire un bilan sur la situation des femmes dans la société.
Je suis émerveillée par l’évolution de la place des femmes dans la société d’aujourd’hui. Nous nous sommes battues pour cette mixité, cet équilibre présent au quotidien. Je reviens quelques années en arrière pour montrer à mes élèves tout le chemin parcouru pour qu’ils comprennent un peu plus le monde dans lequel ils évoluent aujourd’hui, en 2055.
La société s’est petit à petit transformée. La pratique sportive était très masculine au début du siècle dernier. Le rôle de la femme, à une époque, était de s’occuper de la maison et des enfants. Rappelons que les femmes mariées ont le droit de travailler sans l’autorisation de leur époux depuis la loi du 13 juillet 1965. Les femmes ont dû se battre aussi pour avoir le droit à la pratique sportive ; comme c’était le cas pour Kathrine Switzer, qui a marqué l’histoire du running en étant la première à participer officiellement au marathon de Boston en 1967. Et ce, grâce à un malentendu sur son nom confondu avec celui d’un homme. Parée d’un pull à capuche, elle court aux côtés de son entraîneur et de son petit ami. Mais en tombant, sa capuche révèle sa chevelure. Elle conclut le marathon mais est radiée à vie de la fédération américaine d’athlétisme.
Comme la société a évolué, le sport est lui aussi plus mixte. Les instances sportives ont elles aussi emboîté le pas. Les femmes sont plus présentes dans les postes de direction de fédérations et de comités sportifs. On les retrouve sur les terrains sportifs aussi bien lors de compétitions féminines, masculines et mixtes, en tant qu’entraîneures ou membres du corps arbitral.
En 2055, les femmes bénéficient de la même représentativité que celle des hommes dans les médias. Oui, aujourd’hui les médias se sont responsabilisés et ont, enfin compris leur rôle moteur dans cette transformation. Je me souviens en 2015, que des sportives ont été médaillées mondiales sans, par la suite, aucune exposition médiatique. Un des exemples le plus connu est celui de la cycliste Pauline Ferrand-Prévot qui devient triple-championne du monde et qui est absente du quotidien sportif “La Team”. C’est durant cette même période que les sponsors de beach volley étaient représentés sur les fesses des tenues des sportives. Ou encore ces clubs de basket en grève parce-que leur fédération voulait que les sportives portent des jupes pendant leur match, sous prétexte d’amener plus de public, donc de médiatisation et donc de sponsors. Le cercle vicieux absolu ! Je me souviens encore d’un exemple parmi d’autres, celui de Serena Williams qui a eu le plus grand palmarès du tennis féminin et qui en 2016 a été prise à partie par un tennis-man qui exprimait très clairement que les femmes ne pouvaient et ne devaient pas avoir le même salaire que les hommes. Encore pire, le président de leur fédération internationale, obligé de démissionner après avoir affirmé que les affiches de matchs féminins ne remplissaient pas les stades. Aujourd’hui après de longues années de lutte, l’équilibre est réel, les femmes et donc les sportives perçoivent un salaire équivalent à celui des hommes. Elles sont aussi sponsorisées et interviewées pour ce qu’elles sont vraiment et les exploits qu’elles produisent.
En 2055, la société est devenue plus égalitaire, notamment dans le sport. Il y a autant d’hommes que de femmes pratiquant une activité sportive. De ce fait, il y a plus de femmes qui bénéficient des vertus du sport. Elles sont mieux dans leur vie personnelle, sont plus nombreuses à se sentir mieux dans leur corps et ont trouvé un meilleur équilibre personnel/professionnel. Les chiffres de la sécurité sociale montrent que le nombre d’arrêts de travail chez les femmes a diminué.
Depuis 2030, les entraînements mixtes se sont développés car les entraîneurs se sont rendu compte du bénéfice pour chacun. Il y a plus de femmes entraîneures, faisant évoluer l’approche du coaching.
En 2055, les entraîneurs mettent plus l’accent sur l’humain dans leurs échanges avec leurs athlètes. Ils ont appris à gérer les équipes féminines grâce à une formation plus à l’écoute des besoins des athlètes et des spécificités du sport au féminin. Petit à petit, la notion “d’être le/la meilleur(e)” n’est plus la seule source de motivation. Nous avons moins besoin de nous comparer aux autres car nous allons plus vers le dépassement de nous-même.
Que de chemin parcouru depuis toutes ces années et que d’espoir pour les filles d’aujourd’hui. Heureusement, elle est loin cette époque où nous sommes obligées d’en faire plus pour exister médiatiquement, pour exister dans nos sports voir même pour exercer des fonctions à responsabilité !
Biographie
Née en Guadeloupe, Sarah Daninthe l’a quittée à l’âge de 18 ans pour rejoindre l’équipe de France d’escrime à Bordeaux. Sarah a été plusieurs fois médaillée européenne et mondiale avec 2 titres mondiaux. Médaillée Olympique, elle fait découvrir son sport notamment à l’occasion de Team-buildings dans des entreprises.
« Je suis venue à l’escrime par un concours de circonstance. A l’âge de 4-5 ans, ma mère m’avait inscrite à la danse. Tous les mercredis mon frère m’y amenait avant de rejoindre son cours d’escrime. Un jour ma prof a été malade et à partir de ce jour, j’accompagnais mon frère à son cours d’escrime alors que notre mère n’était pas au courant. Bien sûr, un jour la supercherie a été découverte ; pas besoin de préciser que ça s’est assez mal passé. »
Sarah est maintenant jeune retraitée de son sport. Elle est une digital native, passionnée par le social média et tout ce qui touche au digital, surtout dans le sport et le marketing. Sarah est en charge des médias sociaux à Openfield, une start-up spécialisée dans la donnée et l’analyse des comportements ; et en parallèle, bêta-testeuse dans le digital.