« Il faut des femmes partout car il y a des femmes partout » par Sofy Mulle

Déléguée générale de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) Grand Paris Île-de-France

Il faut des femmes partout car il y a des femmes partout 

Il y a, en France et ailleurs, autant d’hommes que de femmes. Ils doivent donc partager chaque espace, chaque fonction, chaque responsabilité de la même manière. Sauf à reconnaître qu’ils ne sont pas égaux. Ce qui, officiellement, n’est heureusement plus un combat. Les qualités et les défauts ne sont pas genrés. Pas plus que la compétence ou le talent, ni que l’incompétence ou la médiocrité. Les femmes ne sont pas plus sensibles, plus à l’écoute, plus réservées, moins égocentriques, moins toxiques ou moins agressives que les hommes. Les hommes ne sont pas plus combatifs ou plus respectés, moins hésitants ou moins vénaux que les femmes. Chacun peut citer des exemples vertueux ou désolants pour les deux sexes. L’égalité sera pleinement atteinte lorsque, pour accéder à une fonction, à un privilège ou à un salaire équivalents, les femmes n’auront pas à faire plus de sacrifice, à fournir plus d’effort, à déployer plus de charme, de manipulation ou de flagornerie que les hommes. Lorsqu’elles-mêmes ne considèreront pas qu’elles sont plus ceci ou moins cela, mais juste pareilles.

Quand elles accepteront de ne bénéficier d’aucun égard particulier, quand on s’adressera à elles de la même manière, sans condescendance ni explication supplémentaire, quand on utilisera le même vocabulaire, aussi fleuri soit-il, sans s’excuser par avance. Quand on les écoutera sans les interrompre, quand elles oseront couper la parole. Quand les hommes s’adresseront à elles de la même manière qu’à d’autres hommes, en leur tapant dans le dos amicalement ou en les fusillant du regard, en ne s’adaptant pas spontanément aux préjugés liés à leur sexe. Quand on leur demandera leur avis non pour « avoir un point de vue féminin » mais juste pour avoir un avis. Et qu’elles en exprimeront un sans s’adapter à ce qu’elles imaginent qu’on attend d’elles. Quand les hommes aussi bien que les femmes n’attendront d’elles rien de particulier juste la même chose. Quand on s’agacera de leur médiocrité et de leur mollesse sans les justifier par la faiblesse, la douceur ou la timidité. Mais il faudra qu’elles-mêmes ne se réfugient pas derrière ces préjugés parfois bien pratiques.

Il faut des femmes partout, les accepter partout et qu’elles acceptent d’y aller. Qu’on ne trouve plus aucune excuse à leur encore faible représentation au sommet de l’État, à la tête des grandes entreprises, dans les usines automobiles, sur les chantiers, dans les champs, dans les garages, dans les facultés de mathématiques ou parmi les lauréats de prix Nobel.

Lorsque j’ai commencé ma carrière, le salaire des femmes était en moyenne 30 % en deçà de celui des hommes à fonction strictement égale. Aujourd’hui cet écart s’est réduit à 13 % c’est clairement un progrès ! Donc, forcément nous allons y arriver. Dans pas longtemps, même pas celui d’une deuxième carrière sans doute. Comptons sur la bonne volonté et le talent de toutes et tous, des plus vieux comme des plus jeunes. 

Biographie :

Après une formation en communication puis en administration des entreprises, Sofy Mulle débute sa carrière au sein d’une grande école de commerce (relations entreprises, communication et formation continue), avant de rejoindre la FNAC en tant que responsable communication. Elle intègre par la suite le monde des organisations professionnelles, où elle évolue depuis plus de 23 ans. Elle occupe successivement les fonctions de directrice de la communication et des affaires institutionnelles chez Armateurs de France, avant de prendre la direction du Conseil du Commerce de France en tant que déléguée générale. Aujourd’hui, elle exerce cette même fonction au sein de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) Grand Paris Île-de-France, où elle pilote la stratégie, les relations institutionnelles et le développement de la fédération. Attachée au dialogue entre les entreprises et les pouvoirs publics, elle œuvre pour bâtir des passerelles entre le pragmatisme des acteurs de terrain et les enjeux politiques et réglementaires.