L’Île-de-France représente plus de 6 millions d’emplois et plus de 41 millions de déplacements quotidiens, dont près de 12 millions liés au travail. L’évolution des technologies, des modes de travail et des usages, redéfinissent l’approche de la mobilité par les entreprises.
L’emploi se veut toujours plus flexible, souple et modulable. Les contrats de travail temporaires, les horaires décalés, la pluriactivité, le télétravail ou le travail indépendant se développent, amenant à repenser la mobilité face à un réseau de transports au bord de l’asphyxie. Aujourd’hui, de nombreux dispositifs et outils existent pour faciliter la mobilité des collaborateurs. C’est désormais aux entreprises de les inscrire dans une stratégie globale qui réponde à leurs enjeux humains, économiques, sécuritaires et environnementaux.
L’obligation d’un plan de mobilité
Dès lors qu’elle est bien « pensée », la mobilité des collaborateurs contribue à l’agilité et l’efficience des organisations, à leur interaction avec l’ensemble de l’écosystème. Pour 62 % des dirigeants et 67 % des salariés, l’entreprise doit s’impliquer dans cette mobilité (Sondage OVE/Viavoice 2017). Depuis janvier 2018, toutes les entreprises comptant plus de 100 salariés sur un même site, doivent élaborer un Plan de Mobilité (article 51 de la Loi relative à la Transition Énergétique pour la Croissance Verte). Cette obligation a pour objectif d’optimiser l’organisation des déplacements, en valorisant les moyens ayant le moins d’impact pour l’environnement. Le plan de mobilité doit encourager les modes alternatifs à la voiture et développer le covoiturage, favoriser l’utilisation de transports plus vertueux pour l’environnement, réduire les besoins en déplacements ou rationaliser les coûts. Les salariés ont besoin de solutions et prestations pour les accompagner au quotidien dans leurs déplacements. Or, du véhicule de fonction aux moyens de paiement, en passant par les outils de réservation ou encore les applications, nombreuses sont aujourd’hui les solutions susceptibles de faciliter leur mobilité.
Encourager le covoiturage
Si les transports publics et le véhicule particulier restent les moyens de transport privilégiés en Île-de-France, beaucoup anticipent le développement de nouvelles formes de mobilité, dont le véhicule partagé. Selon une étude Viavoice/OVE, les types de déplacement qui paraissent avoir le plus d’avenir sont ceux effectués dans un véhicule partagé (64 %), puis dans un véhicule personnel (48 %), suivi par les transports en commun (41 %). Parmi les formes de partage, le covoiturage (37 %) est préféré au véhicule de collectivité (27 %). La part des entreprises ayant mis en place cette solution de mobilité pour les collaborateurs est passée de 15 % en 2012 à 22 % en 2016. Quant aux perspectives de déploiement de l’autopartage à 3 ans, elles semblent prometteuses avec 43 % de gestionnaires de parc français qui parient sur son développement. Une dynamique portée par l’arrivée à maturité de prestations dans ce domaine, que commencent à proposer certains loueurs longue durée. « Au travers de notre offre ALD sharing, nous permettons aux collaborateurs de bénéficier directement, sur le parking de leur lieu de travail, d’un véhicule qu’ils réservent via une plate-forme dédiée ou une application mobile, pour un tarif avantageux tandis que l’entreprise amortit le coût de sa location », développe Guillaume Maureau, directeur général adjoint et commerce d’ALD Automotive France. Du côté du co-voiturage, les applications ne manquent pas pour trouver un ou des compagnons de route, comme Karos, BlaBlaLines ou Klaxit qui ont lancé des appli dédiées aux trajets courts du quotidien. Des poids lourds comme Renault, le Crédit Agricole ou La Poste, font déjà route avec elles. Depuis le 1er mai, Île-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports, a décidé de renforcer ses aides pour encourager ce mode de déplacement. 2 trajets par jour sont offerts aux passagers, s’ils sont abonnés Navigo annuel. Les conducteurs pourront eux, bénéficier d’une indemnité kilométrique par trajet, comprise entre 1,5 € et 3 € par passager en fonction de la distance parcourue et jusqu’à 150 € par mois pour ceux qui covoiturent chaque jour sur le trajet domicile-travail. Le dispositif de gratuité du covoiturage est également prolongé en cas de « pics de pollution » et de « perturbations majeures dans les transports », grâce à une subvention de 4 € par trajet. Selon IDFM, entre septembre 2017 et octobre 2018, 360 000 covoiturages ont été réalisés dans la région, avec une moyenne de 2000 par jour, soit trois fois plus qu’avant le lancement des aides.
Des flottes d’entreprise plus vertueuses
Il y a cinq ans, les véhicules propres n’étaient pas légion au sein des entreprises : moins de 3 % du marché pour les voitures hybrides et à peine 0,5 % pour les électriques. Mais les mentalités évoluent en raison de considérations environnementales et financières. En 2018, les hybrides avoisinent les 4 %, malgré la disparition des aides à l’achat et le resserrement des exonérations de TVS (Taxe des véhicules de Société) et le marché électrique a passé le cap des 2 %, sous l’effet des 6 000 € de bonus et un amortissement plus avantageux. Pour une ZOE ou une Clio, sur trois ans (en intégrant tous les postes de dépenses), le gain est de 3 000 € annuels sur une base de 20 000 km chaque année. Et la tendance des véhicules verts devrait s’accélérer du fait de la diversification de l’offre : gaz naturel, hydrogène, E85… D’autant que de grands groupes montrent l’exemple. EDF a annoncé l’abandon des véhicules thermiques pour une flotte 100 % électrique avant 2030 et La Poste possède déjà 36 000 véhicules électriques.
Le développement des applications de services
Les éditeurs rivalisent d’innovations pour simplifier la vie des conducteurs. La plateforme participative ChargeMap signale les bornes de recharge que les utilisateurs rencontrent sur leurs itinéraires pour créer une carte interactive et évolutive. PayByPhone permet, aux conducteurs de régler leur parking grâce à leur Smartphone pour éviter de perdre du temps à chercher un horodateur ou pour rallonger la durée de stationnement à distance et éviter ainsi les contraventions. Grâce à une fonction de géo localisation de son Smartphone, Gasoil Now propose une carte interactive qui recense l’ensemble des stations essence les plus proches. Les loueurs longue durée se positionnent également sur le créneau. « Avec nos applications mobiles, nous entendons transmettre au conducteur toutes les informations dont il peut avoir besoin, géolocaliser et rechercher parmi notre réseau, les partenaires les plus proches pour tous les services nécessaires (entretien, carrosserie, carburant, pneus, etc.), lui rappeler les services inclus dans son contrat de location (assurance, entretien, assistance), etc…», indique Jean-François Codina, directeur des Nouvelles Mobilités d’Arval France
Quelle mobilité intelligente pour demain ?
« Demain, la mobilité intelligente consistera à interconnecter tous ces modes de transports existants au sein d’une même application (véhicule d’entreprise, véhicule en autopartage, vélopartage, transport en commun, VTC…) pour proposer au collaborateur le moyen de transport le plus rapide, le plus efficient ou le moins énergivore », indique François Piot, Président de l’OVE. En attendant l’arrivée à maturité de ces solutions, les gestionnaires de flotte peuvent déjà s’appuyer sur les conseils ou les outils de reporting et d’analyse de données, proposés par les loueurs. Ces outils et prestations leur permettent notamment de suivre les usages qui sont faits des véhicules de la flotte, et de commencer à proposer aux collaborateurs qui roulent peu, des solutions de mobilité alternatives (accès à des véhicules de flotte en autopartage, covoiturage) associées, pourquoi pas, à des systèmes de crédits ou de compte mobilité.
« 20 % des Franciliens ont un lieu de travail variable, ou plusieurs lieux fixes, où ils se rendent dans la même semaine »
Expérimenter de nouvelles solutions
La recherche autour du véhicule autonome va ainsi s’accélérer dans les prochains mois. Jusqu’en 2022, 17 prototypes vont être expérimentés en conditions réelles sur nos routes. Un investissement de 200 millions d’euros, dont 42 millions financés par l’Etat. En Ile-de-France, Renault et PSA testeront des véhicules particuliers en conduite autonome sur 50 000 km. A Montpellier des droïdes logistiques assureront les livraisons dans des commerces et restaurants. Entre Nantes et Carquefou, sur une ancienne emprise ferroviaire de 7,2 km, deux véhicules transporteront 300 passagers aux heures de pointe. Dans l’Indre, ce sont des autonomes cab pouvant transporter jusqu’à 5 personnes qui sillonneront une communauté de 5 communes sur un trajet de 22 km. D’autres acteurs privés ou publics, développent leurs projets. A Saint-Quentin-en-Yvelines, SupraSQY entend tester un réseau de transport aérien sur demande et sans arrêt, composé de navettes transportant jusqu’à 6 personnes à la vitesse de 100km/h, entre la gare de Montigny-Saint-Quentin et le pôle d’innovation SQY High Tech. En matière de transport de marchandises, ce sont deux entrepôts flottants géants qui seront mis à l’eau en juin prochain et en 2020 sur la Seine, propulsés à l’électricité et au biogaz. Le premier sera équipé de camionnettes électriques transportant des palettes et le second assurera des navettes de livraison de marchandises de banlieue vers Paris, pour au retour, transporter des déchets vers les centres de retraitement.
Source : Institut d’Aménagement et d’Urbanisme (IAU) d’Ile-de-France
Paru dans CAP’IDF N°67